« Le sang de cordon n'est pas mort », indique le Pr Ibrahim Yakoubagha, hématologue au CHRU de Lille et président de la Société francophone de greffe de moelle et de thérapie cellulaire.
Malgré l'engouement pour de nouvelles greffes de cellules souches hématopoïétiques (CSH), la transplantation de sang de cordon garde sa place dans le panel d'options disponibles, comme en atteste une étude publiée dans le « New England Journal of Medicine ».
L'équipe de Seattle au Fred Hutchinson Cancer Research montre que la greffe de sang de cordon donne de bons résultats par rapport à la greffe mismatch à la fois en termes de survie et de rechute chez des patients ayant une leucémie à risque de rechute en raison de la persistance de cellules cancéreuses avant la greffe (maladie résiduelle minimale après conditionnement).
Pouvoir choisir la meilleure option
Les chercheurs américains vont plus loin et montrent que la greffe de sang de cordon n'est pas inférieure pour la survie que la greffe non apparentée compatible. Ce qui fait dire à l'auteur principal, le Dr Colleen Delaney, compte tenu de la difficulté à avoir un donneur génoidentique : « En cas de maladie à haut risque et de risque élevé de rechute après transplantation, la greffe de sang de cordon semble la meilleure option. »
Un enthousiasme qui n'est pas partagé par tout le monde. « L'équipe de Seattle confirme des résultats déjà connus, tempère le Dr Evelyne Marry, de l'agence de Biomédecine. La greffe de sang de cordon donne des résultats intéressants et fait mieux que la greffe mismatch, ce n'est pas nouveau. Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit d'une étude rétrospective sur 582 patients, c'est difficile d'en tirer des conclusions définitives. Une chose est sûre, c'est important de proposer un panel d'options et le médecin choisira parmi elles la solution la plus adaptée en fonction de la maladie, du patient et de l'état clinique ».
L'émergence de nouvelles techniques
La question de l'utilité de la greffe de sang de cordon s'est posée. « Il existe 5 types de greffes possibles en hématologie », explique le Pr Yakoubagha. Il existe en effet la greffe intrafamiliale génoidentique chez un frère ou une soeur, la greffe compatible « matchée » 10/10 allèles non apparenté, la greffe non apprentée dite mismatch car matchée pour 8 à 9 allèles sur les 10, la greffe haploidentique intrafamiliale avec par exemple seulement 50 % de compatibilité et la greffe de sang de cordon.
« D'une part, le registre des donneurs de moelle s'est considérablement élargi, indique le Pr Yakoubagha. Il existe aujourd'hui 28 millions de donneurs enregistrés. Et d'autre part, les greffes haploidentiques et mismatch ont ouvert de nouvelles possibilités ».
La donne du degré d'urgence
Néanmoins, la greffe de sang de cordon garde sa place. « Dans les 5 années à venir, le nombre de transplantation de sang de cordon va rester stable, pas de baisse ni d'augmentation à prévoir, poursuit l'hématologue. Il y a plusieurs critères à prendre en compte pour décider du type de greffe à choisir. Le critère de l'urgence en est un, il faut 2 voire 3 mois pour trouver un donneur compatible, on ne peut parfois pas attendre. Autre argument, la greffe de sang de cordon est très utilisée en pédiatrie. Le faible volume de cellules contenu dans le sang de cordon est suffisant pour traiter les enfants dont le petit poids est compatible et leur pronostic est bon ».
L'option de choix reste la greffe génoidentique intrafamiliale, puis la greffe compatible non apparentée. « En pédiatrie, la greffe de sang de cordon a la 3e place, indique le Dr Marry. Mais le greffe haploidentique, relativement rapide d'accès, empiète de plus en plus sur la greffe mismatch ». La question qui se pose est de savoir quelle option entre ces deux techniques est la meilleure. Une étude va être lancée en France dont les résultats sont attendus dans les 5 ans.
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