Chez les femmes porteuses de variants pathogéniques BRCA1/BRAC2, une surveillance IRM, en plus de la mammographie, est recommandée dès 30 ans. On sait qu’elle permet de réduire le stade du cancer au diagnostic mais son éventuel bénéfice sur la mortalité restait flou. Une étude de cohorte récemment publiée montre qu’il est important : on observe une réduction de 80 % de la mortalité spécifique par cancer du sein chez des femmes BRCA1 dans cette analyse (1, 2). En revanche, peut-être par manque de puissance, le bénéfice n’est pas retrouvé chez les femmes BRCA2, deux fois moins nombreuses dans cette cohorte.
Une cohorte de quasi 2 500 femmes BRCA1-2 suivies en moyenne 9 ans
Cette cohorte rassemble 2 488 femmes porteuses de variants pathogènes BRCA1 ou BRAC2, recrutées entre 1995 et 2015 par 59 centres répartis dans 11 pays.
Les femmes ayant des antécédents de cancer du sein, ayant déjà eu une IRM ou une mammectomie bilatérale étaient exclues. Ces femmes ont été suivies tous les deux ans par questionnaire documentant la participation, ou pas, au dépistage par IRM, la survenue de cancer, l’état général, le recours à la chirurgie et aux hormones. Elles sont suivies de 30 à 75 ans.
Ces 2 488 femmes avaient 41 ans d’âge moyen à l’entrée dans la cohorte. Parmi elles 2004, soit 80 %, sont porteuses d’un variant BRCA1 et 484, soit 20 %, porteuses d’un variant BRCA2.
Au total, 1 756 femmes, soit 71 %, ont passé au moins une IRM (505 à l’inclusion, 1 251 plus tard), tandis que 30 % n’en ont jamais fait. Le critère primaire est la mortalité spécifique par cancer du sein.
Une réduction de 80 % des décès par cancer du sein lors de BRCA1
Au terme d’un suivi médian de 9 [0,1 – 24] ans, 241 cancers du sein et 14 décès par cancer du sein sont survenus parmi les 1 756 femmes ayant eu une IRM. Tandis que 103 cancers du sein et 21 décès par cancer du sein sont survenus chez les femmes n’ayant eu aucune IRM.
Après ajustements sur l’âge, le statut BRCA, le pays de résidence et l’éventuelle ovariectomie, globalement, le risque relatif de décès par cancer du sein associé à un programme de surveillance par IRM (temps dépendant) est 0,23 (RR = 0,23 [0,11-0,35] ; p = 0,01), par comparaison à l’absence de dépistage IRM.
Plus précisément, ce risque relatif est de 0,20 (RR = 0,20 [0,10-0,43] ; p < 0,001) pour les femmes BRCA1. Soit une réduction significative de 80 % de la mortalité spécifique. Alors que, chez les femmes BRCA2, le risque relatif est de 0,87 et la réduction non significative (RR = 0,87 [0,10-17,2] ; NS).
Résultat, à 20 ans, la mortalité cumulée par cancer du sein est autour de 15 % en absence d’IRM, versus 3,2 % sous surveillance IRM.
Pour les auteurs « ces données montrent combien une surveillance IRM régulière peut sauver des vies. Alors que bien des femmes n’y participent toujours pas ».
(1) J Lubinski et al. MRI surveillance and breast cancer mortality in women with BRCA1 and BRCA2 sequence variations. JAMA Oncol 2014 ; doi:10.1001/jamaoncol.2023.6944
(2) MS Trivedi, KA Armstrong. Increasing the Uptake of Cancer Risk Management Strategies for Women With BRCA1/2 Sequence Variations. JAMA Oncol 2024 ; doi:10.1001/jamaoncol.2023.5186
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