Cinq ans après un diagnostic de cancer, 63,5 % des patients souffriraient de séquelles, selon l'enquête VICAN5, « La vie cinq ans après un diagnostic de cancer », réalisée par une équipe de recherche INSERM avec l'Institut national du cancer (INCa).
« Les progrès thérapeutiques ont permis de diminuer la mortalité », annonce le Pr Norbert Ifrah, président de l'INCa. « Notre mission est de proposer aux patients un accompagnement global et dans la durée afin de préserver la qualité de vie », poursuit-il. En apportant des données quantifiées à moyen terme, VICAN5 a pour objectif de « guider les pouvoirs publics sur les actions à consolider et à mettre en place afin de réduire l'impact du cancer ».
Des disparités selon la localisation
Cette enquête succède à VICAN2 qui a porté sur les conséquences à 2 ans du diagnostic. Les données de 4 174 personnes ont été recueillies (2 009 ayant déjà participé à la première étude).
De façon générale, VICAN5 révèle de nombreuses disparités en fonction de la localisation du cancer, du statut social, mais aussi entre hommes et femmes, ces dernières étant souvent désavantagées. « Le cancer est un facteur d'aggravation des inégalités sociales extrêmement fort. Il les révèle et les accroît. La lutte contre ces inégalités est donc un point majeur de nos actions », souligne le Pr Ifrah.
« La perte de qualité de vie a persisté par rapport à la précédente étude, mais ne s'est pas aggravée », note Patrick Peretti-Watel, sociologue et directeur de recherche INSERM, précisant que pour certaines localisations comme le cancer de la vessie une amélioration a toutefois été observée. Les patients se plaignent notamment de troubles anxieux (46,1 %) et dépressifs (16,8 %).
Une qualité de vie dégradée sur le plan physique est rapportée par 44,4 % des personnes : en particulier des femmes, des personnes de moins de 50 ans au diagnostic et des personnes ayant des difficultés financières.
L'enquête pointe aussi un manque de suivi : un patient sur trois n'est pas suivi par un médecin généraliste. Et alors que deux tiers d'entre eux rapportent des séquelles – douleur et fatigue principalement –, très peu consultent pour ce motif.
Une fatigue cliniquement significative est rapportée par 48,7 % des patients, et de façon plus prononcée chez les femmes (56,5 contre 35,7 % des hommes) et les personnes en situation de précarité.
Ils sont par ailleurs 73 % à avoir ressenti des douleurs dans les 15 jours qui ont précédé l'enquête, avec un impact notamment sur la qualité du sommeil, mais aussi sur la vie personnelle et professionnelle.
La sortie d'emploi : une conséquence à moyen terme
La question de l'emploi occupe une place centrale dans l'enquête : 20 % des personnes âgées de 18 à 54 ans au moment du diagnostic ont arrêté de travailler. « Le phénomène de sortie d'emploi a pris de l'ampleur dans les trois dernières années », souligne Patrick Peretti-Watel. Ces pertes d'emploi concernent majoritairement les populations « vulnérables » sur le marché du travail (les moins diplômées, les plus précaires…).
Toutefois, 62,7 % des travailleurs ont bénéficié d'un aménagement des conditions de travail : arrêt de travail et temps partiel thérapeutique (TPT)… Le TPT a été mis en place chez 24 % des personnes en poste au moment du diagnostic. « Cet aménagement semble favoriser le maintien en emploi », estime Patrick Peretti-Watel.
L'enquête fait aussi la part belle à la prévention, « les personnes atteintes d'un cancer ayant un surrisque de développer un second cancer », rappelle le chercheur. « Nous avons observé un recul du tabagisme. La prévalence est inférieure à celle de la population générale », remarque Patrick Peretti-Watel. Parmi ceux qui fumaient au moment du diagnostic, 39,8 % ont arrêté dans les 5 années qui ont suivi. Ce recul est plus marqué chez les hommes et chez les personnes atteintes d'un cancer du poumon ou des voies aérodigestives supérieures.
En revanche, alors que les bénéfices d'une activité physique régulière sont largement démontrés, la moitié des patients ont diminué, voire arrêté, leur activité physique.
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