Comment encourager les patients ayant un cancer du rein à enfin arrêter de fumer ? Faire valoir qu'ils diminuent de moitié le risque de décès et de progression de la maladie est un argument supplémentaire. C'est le résultat d'une étude prospective publiée dans le « Journal of Clincal Oncology » et menée en collaboration avec le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et le ministre de la Santé de la Fédération de Russie.
« Environ 40 % des patients (84 participants) de cette étude ont arrêté de fumer, la plupart dans les trois premiers mois après le diagnostic et sont restés non-fumeurs jusqu'à la fin du suivi, explique le Dr Mahdi Sheikh de la branche Épidémiologie génomique du Circ et premier auteur. Nous avons observé que les patients vivaient significativement plus longtemps et avaient moins de risque de progression de la maladie quand ils arrêtaient de fumer que quand ils continuaient. »
Le tabagisme est un facteur de risque du cancer du rein, comptant pour 17 % des cas dans le monde. Près de 15 à 20 % des patients ayant un cancer du rein sont fumeurs lors du diagnostic. Les bénéfices au sevrage n'étaient jusque-là pas quantifiés.
Pas trop tard pour arrêter
L'équipe a inclus 212 patients ayant un carcinome rénal entre 2007 et 2016 au sein du service d'urologie du centre de recherche en oncologie N. N. Blokhin à Moscou. Le suivi était annuel, en médiane de huit ans. Ont été observés 110 cas de progression de la maladie, 100 décès et 77 décès spécifiquement liés au cancer.
« Après ajustement sur les différents profils des participants, le moment où ils arrêtent la cigarette, les caractéristiques tumorales et les traitements reçus, nous avons trouvé que les patients ont un risque diminué de 50 % pour la mortalité et de 56 % pour la progression de la maladie », ajoute le Dr Sheikh. Le risque de décès passe ainsi de 24 % à 6 % à 3 ans, et de 39 % à 15 % à 5 ans.
Les bénéfices du sevrage étaient retrouvés dans tous les sous-groupes de patients, que les tumeurs soient à un stade précoce ou avancé, que les patients soient petits ou gros fumeurs au diagnostic. « Cette étude conforte l'idée qu'il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer, même si vous avez déjà un cancer diagnostiqué », souligne le Pr David Zaridze, chef de service au N. N. Blokhin, président de la Société russe contre le cancer et auteur senior. Les auteurs espèrent ainsi que leurs observations pousseront les médecins à davantage promouvoir et accompagner le sevrage tabagique chez les patients ayant un cancer.
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