L'utilisation actuelle ou récente de contraceptifs oraux combinés, contenant à la fois des œstrogènes et des progestatifs, a déjà été associée à une légère augmentation du risque de cancer du sein. Mais, alors que l’utilisation de contraceptifs hormonaux progestatifs seuls augmente, les données manquent sur les risques associés à ce type de contraception. Une étude publiée dans « Plos Medicine » apporte des éléments de réponse en suggérant une augmentation faible mais significative du risque de cancer du sein.
Ce risque légèrement accru est « similaire à celui associé à l'utilisation de contraceptifs oraux combinés », souligne Kirstin Pirie, chercheuse à l’unité d'épidémiologie du cancer de l’université d'Oxford et co-autrice, dans un communiqué.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont exploré la base de données britannique sur les soins primaires, le Clinical Practice Research Datalink (CPRD). Au total, les données de 9 498 femmes de moins de 50 ans atteintes d'un cancer du sein invasif diagnostiqué entre 1996 et 2017 au Royaume-Uni et celles de 18 171 femmes de moins de 50 ans étroitement appariées ont été analysées.
En moyenne, 44 % des femmes atteintes d'un cancer du sein et 39 % des témoins avaient une prescription de contraceptifs hormonaux, environ la moitié des prescriptions étant des préparations progestatives seules. L’augmentation du risque de cancer du sein associé aux contraceptifs combinés et à la progestérone seule, quel que soit le mode d'administration, a été estimée de 20 à 30 %.
Un risque réduit avec l’arrêt du contraceptif
Dans le détail, le risque de cancer du sein était augmenté avec une préparation orale progestative seule (OR = 1,26), un progestatif oral combiné (OR = 1,23), un progestatif injecté (OR = 1,25) ou un dispositif intra-utérin libérant un progestatif (OR = 1,32). Mais, après cinq ans d’utilisation d'un contraceptif oral combiné ou d’un progestatif seul, l'incidence excessive absolue associée de cancer du sein sur 15 ans a été estimée à 8 cas pour 100 000 utilisatrices de 16 à 20 ans et à 265 cas pour 100 000 utilisatrices de 35 à 39 ans.
« Ces risques excessifs doivent être considérés dans le contexte des avantages bien établis de l'utilisation de contraceptifs pendant les années de procréation des femmes », rappellent les auteurs.
Les bénéfices des contraceptifs oraux concernent également la « protection assez importante et de long terme contre d'autres cancers chez la femme, comme le cancer des ovaires de l'endomètre », ajoute auprès de l’AFP Gillian Reeves, également chercheuse à l’unité d'épidémiologie du cancer de l’université d'Oxford, et co-autrice.
L’étude confirme par ailleurs que le surrisque est temporaire, l’effet se réduit avec l'augmentation du temps écoulé depuis l'arrêt de l'utilisation des contraceptifs oraux. « Dix ans après l'arrêt, il n'y avait pas d'excès de risque associé à l'utilisation de contraceptifs oraux », commente sur le « Science Media Center » Stephen Duffy, responsable du Centre de prévention, de détection et de diagnostic de l’université Queen Mary de Londres. Selon lui, ces résultats sont « rassurants » en raison d’un effet « modeste » et d’un risque accru « principalement pour les formes les moins graves de cancer ».
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