Toutes les personnes qui traversent ou ont traversé un cancer ne sont pas égales dans leur accès aux soins de support ou à un accompagnement social, loin s'en faut, met en lumière une nouvelle étude* de l’Observatoire sociétal de la Ligue contre le cancer. Ceci alors que 3,8 millions de personnes sont confrontées à un cancer au cours de leur vie (chiffre en hausse), dont 84 % ressentent au moins une conséquence psychique ou physique, quelle que soit l'ancienneté du diagnostic.
Ainsi, malgré leurs séquelles, 24 % des patients n’ont été orientés vers aucun soin de support depuis le début de leur parcours, en particulier les personnes peu diplômées et qui résident dans les territoires où l’offre de soins de premier recours est lacunaire.
Par ailleurs, l'offre et les habitudes de prescriptions des soins de support sont disparates, ne permettant pas d'offrir aux (ex) patients les soins les plus pertinents. Seulement 26 % des personnes souffrant de fatigue chronique sont orientées vers l'activité physique adaptée, alors qu'il s'agit du traitement le plus efficace, déplore la Ligue. À noter, les disciplines les plus sollicitées sont la kinésithérapie, la psy (chiatrie/chologie), les médecines complémentaires, les diététiciens, et même les dentistes.
Une coordination des professionnels à améliorer
Les problèmes matériels pèsent lourd : 19 % des personnes qui ont été orientées vers des soins de support ont renoncé à consulter pour des raisons financières ou d’accessibilité géographique. Il s'agit notamment des jeunes et des patients aux parcours complexes, dont les revenus sont faibles et qui résident dans les territoires où il y a peu d’offre médicale. Quant à l'accompagnement social, plus de la moitié des personnes en difficulté n’ont pas été orientées vers un médecin du travail, un travailleur social, un professionnel médico-social ou de conseil.
En outre, plus de la moitié (53 %) des personnes interrogées déplore un manque de coordination entre professionnels, souvent lié à des problèmes d'effectifs. Quelque 30 % se plaignent plus précisément d'une absence de dialogue entre leur médecin traitant et l'équipe hospitalière.
Dans ces situations, les personnes sont alors plus nombreuses à renoncer aux soins (pour 35 %, versus seulement 12 % des patients qui n'ont ressenti aucun problème). « Si les professionnels sont présents, disponibles et qu’ils se coordonnent, ils prendront le temps d’orienter leurs patients vers des spécialistes des soins de support. En revanche, dans les territoires où l’accès aux soins est plus compliqué (déserts médicaux), les conseils font défaut », lit-on.
« Malheureusement, ce problème de coordination des parcours risque de s’aggraver davantage dans un contexte de crise majeure de l’Hôpital en France et de désertification médicale dans certains territoires », s'inquiète Daniel Nizri, président national bénévole de la Ligue contre le cancer.
Déployer le dispositif de « fin de traitement »
Enfin, l'étude de l'observatoire démontre que dans les départements les plus fortement touchés par les vagues de Covid-19, les patients se sentent moins bien accompagnés. Le taux de satisfaction des personnes soignées dans l'Est, la Guadeloupe et la Martinique, oscillant entre 76 et 82 %, est moindre que la moyenne de l'échantillon, à 94 %.
Face à ce constat, la Ligue demande la mise en place du dispositif de « fin de traitement », prévu par la stratégie décennale 2021-2030, en vue d’identifier d’éventuelles séquelles, de prévenir les rechutes et d'améliorer la qualité de vie en orientant les personnes vers des soins de support adapté. Elle demande aussi une offre de soins de support accessible financièrement et géographiquement partout, et le financement pérenne d'infirmièr.e.s transversaux de coordination en cancérologie à l’hôpital et en ville.
*Étude réalisée avec l'Institut Ipsos, auprès de 7 709 personnes atteintes ou ayant été atteintes d’un cancer, par questionnaire auto-administré entre le 4 janvier et 15 avril 2021, et enrichie par des focus qualitatifs dans quatre départements et des entretiens avec des soignants et des patients.
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