Après le vaccin thérapeutique contre les cancers ORL et des ovaires développé par la biotech française Transgene, et le vaccin thérapeutique contre le cancer oropharyngé HPV-positif mis au point par LinKinVax et Gustave Roussy, c'est au tour du candidat vaccin préventif des récidives de cancers du pancréas et colorectal positifs pour la mutation du gène KRAS de faire l’objet d’une publication. Aux résultats encourageants.
Baptisé ELI-002 et développé par le laboratoire Elicio Therapeutics, ce vaccin entraîne les lymphocytes T du patient à cibler les protéines KRAS produites à partir de gènes porteurs des mutations KRAS G12D ou KRAS G12R. Il contient deux peptides extraits de versions mutées de KRAS (Amph-Peptides-2P et Amph-CpG-7909) associés à un adjuvant : le polynucléotide CpG oligonucléotide.
Une solution prête à l’emploi
À la différence d’autres vaccins développés en cancérologie, l’un des avantages d’ELI-002 est de ne pas être un vaccin personnalisé, ne nécessitant donc pas une logistique trop importante ou coûteuse. Ce candidat vaccin a été administré à 25 patients (20 atteints de cancer du pancréas et 5 atteints de cancer colorectal, tous porteurs d'une mutation du gène KRAS), dans le cadre de l'étude multicentrique AMPLIFY-201. La totalité des participants de l'étude avaient été préalablement opérés, et sept avaient également bénéficié d'une radiothérapie adjuvante. Si les doses d'Amph-Peptides-2P étaient les mêmes chez tous les patients, il y avait une escalade des doses d'Amph-CpG-7909, de 0,1 mg à 10 mg.
Selon les données publiées dans Nature Medicine, une réponse adéquate par les lymphocytes T était détectée chez 84 % des patients traités, et chez la totalité des patients ayant reçu les doses les plus élevées de Amph-CpG-7909, c’est-à-dire la dose de 10 mg, qui sera celle recommandée lors des études de phase II à venir.
La durée médiane de survie sans rechute était de 8,5 mois, et la survie médiane était de 16,33 mois. La réponse lymphocytaire était corrélée à une réduction des marqueurs tumoraux et de l'ADN tumoral circulant et surtout à une diminution de 86 % du risque de décès ou de récidive.
Mais le résultat le plus notable était observé chez les patients présentant une réponse vaccinale supérieure à la médiane (c’était le cas de tous les patients ayant reçu une dose de 10 mg). Chez ces patients bons répondeurs, la durée médiane de survie sans rechute n'était toujours pas calculée à la fin de l'étude : au bout de 9 mois de suivi médian, 90 % d'entre eux n'avaient pas rechuté.
À titre de comparaison, les patients dont la réponse immunitaire était inférieure à la médiane avaient une survie sans récidive médiane de seulement 4,01 mois. Les auteurs ne font pas état de toxicité ni de réponse inflammatoire comme un syndrome de relargage des cytokines.
S'il parvient au bout de son développement, le vaccin ELI-002 2P pourrait constituer un outil majeur de la lutte contre les cancers du pancréas qui sont, dans 90 % des cas, porteurs d'une mutation du gène KRAS, le plus souvent la mutation G12D. En outre, ils sont considérés comme incurables quand l'ADN tumoral persiste après une intervention chirurgicale. Une étude de phase II sera lancée au cours de l'année 2024, avec une version revue et améliorée du vaccin, ciblant d'avantage de mutations.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?