Des parlementaires issus du camp présidentiel comme des oppositions appellent le gouvernement à ne plus repousser la généralisation de l'usage du cannabis médical pour les patients en « impasse thérapeutique », dans une tribune publiée en ligne ce 10 octobre par Libération.
Pour l'heure, pas une ligne du PLFSS 2024 (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) ne concerne le cannabis thérapeutique, alors même que l’expérimentation actuellement menée par l'Agence nationale du médicament (ANSM) doit prendre fin le 25 mars 2024 et que rien n'est encore annoncé en ce qui concerne la continuation de la prescription au-delà de cette date.
Alors que l'expérimentation du cannabis médical en France est entrée dans sa troisième année, la quinzaine de députés et le sénateur co-signataires du texte, aux côtés d'un médecin pharmacologue et d'un pharmacien addictologue, estiment que « nous nous trouvons à un tournant décisif ».
« Plus que jamais, nous avons l'occasion d'améliorer la vie de plusieurs milliers de patients en situation d'impasse thérapeutique, par ailleurs souvent en fin de vie », expliquent-ils, soulignant que l'expérimentation a été un succès, avec notamment « une sécurité d'emploi rassurante concernant les effets indésirables ».
Déjà autorisé dans d'autres pays européens pour calmer la douleur et l'anxiété de certains patients, le cannabis médical ne l'est en France que dans le cadre d'une expérimentation lancée en 2021 pour deux ans, et reconduite en 2023 par le ministre de la Santé de l'époque, le Dr François Braun, qui estimait les données obtenues encore insuffisantes. Selon les médecins de l'expérimentation contactés par le Quotidien, l'expérience est pourtant couronnée de succès.
Une « trahison » pour ceux qui souffrent
« Ne pas généraliser l'accès au cannabis médical en 2024 serait une trahison pour ceux qui souffrent, notamment de cancer, d'épilepsie, de sclérose en plaques ou d'autres douleurs chroniques », jugent les signataires, appelant à distinguer cette question de celle du « cannabis récréatif ».
En cas de report de la généralisation de l'usage médical, « les acteurs de l'industrie, ayant fourni gratuitement du cannabis à usage médical les deux premières années de l'expérimentation, ne se réengageront a priori pas pour une quatrième année », poursuivent-ils, avec le risque d'« interruptions de traitement pour près de 2 000 patients participant en ce moment à l'expérimentation ».
La députée Renaissance Caroline Janvier, le député et patron du PS Olivier Faure, le député écologiste Julien Bayou, le député LR Antoine Vermorel-Marques, le député LFI Christophe Bex ou encore le sénateur socialiste Rachid Temal font partie des signataires de cette tribune, avec le médecin Nicolas Authier et le pharmacien addictologue René Maarek.
La tribune des parlementaires a été saluée par l'Union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre (UIVEC) qui milite depuis des années pour la création d'une filière française de production du cannabis thérapeutique (la réglementation française très restrictive en la matière a obligé l'ANSM à faire appel à des fournisseurs étrangers pour son expérimentation).
« L’entrée dans le droit commun des médicaments à base de cannabis dès la fin de l’expérimentation en 2024 et leur remboursement doivent impérativement être actés au travers du vote du PLFSS, peut-on lire dans un communiqué de l'UIVEC. Dès lors que le cannabis à usage médical ne figure pas dans le texte final, c’est l’ultime espoir de milliers de patients sans alternative thérapeutique qui sera anéanti. »
Le cannabis thérapeutique fait l'objet d'un consensus assez large dans le monde politique, comme le reflète la tribune. Aucun élu du Rassemblement national ne l'a signée, mais la présidente du RN, Marine Le Pen s'était prononcée en mars 2022 « contre la légalisation du cannabis mais pour le cannabis thérapeutique ».
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