Chimiothérapie par fluoropyrimidines : l'uracilémie n'est pas assez réalisée, alertent les autorités

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Publié le 25/09/2023

Crédit photo : BURGER / PHANIE

L'uracilémie, ce test pour rechercher un déficit enzymatique avant une chimiothérapie par fluoropyrimidines, n'est pas suffisamment réalisée en France, malgré les recommandations de 2018. Face à ce constat, issu de trois études monocentriques, la Direction générale de la santé (DGS) rappelle les bonnes pratiques dans un DGS-Urgent, afin de « garantir une prise en charge sécurisée des patients ».

Les fluoropyrimidines peuvent en effet entraîner des toxicités sévères (1 patient sur 5), voire des décès (entre 1 patient sur 100 et 1 patient sur 1 000). Une partie de ces toxicités est liée à un déficit d’activité de la principale enzyme permettant l’élimination de ces médicaments, appelée dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD), rappelle la DGS. Le déficit peut être partiel (3 à 5 % des patients) ou total (entre 0,01 % et 0,5 % des patients).

Pour éviter ces toxicités, l’Institut national du cancer (Inca) et la Haute Autorité de santé (HAS) ont recommandé en décembre 2018 que la recherche du déficit en DPD soit réalisée systématiquement chez tous les patients dont l’activité en DPD n’est pas connue et devant recevoir une chimiothérapie utilisant les fluoropyrimidines.

« Le test doit être réalisé obligatoirement avant la première dose de fluoropyrimidines et repose sur la mesure de l’uracilémie », lit-on. Les personnes concernées sont les nouveaux patients avant instauration d’une première chimiothérapie comportant une fluoropyrimidine et ceux ayant déjà été traités par fluoropyrimidine mais chez lesquels une recherche de déficit en DPD n’a jamais été entreprise.

Réglementation depuis 2019

Depuis avril 2019, l'obtention du résultat du dépistage d'un déficit en DPD par la mesure de l’uracilémie (phénotypage) est réglementairement obligatoire avant toute initiation d’un traitement par fluoropyrimidines. Les conditions de prescription et de délivrance (CPD) de l'ensemble de ces médicaments ont été modifiées par l’ANSM : aucune prescription ni délivrance ne peuvent être réalisées sans ce résultat.

Le prescripteur doit avoir préalablement soit pris connaissance des résultats, soit vérifié l’absence de déficit en DPD déjà connue pour un patient, et adapté la posologie le cas échéant. Il doit également inscrire la mention « résultats uracilémie pris en compte » sur la prescription de 5 FU ou de capécitabine. Cette mention est obligatoire pour toute délivrance.

Dosage pas assez systématique avant le début du traitement 

Malgré les données des laboratoires de biologie médicale montrant une augmentation du nombre de dosages d’uracilémie réalisés en France depuis 2019, trois études monocentriques françaises suggèrent « des manquements importants ». Bien que le dosage de l’uracilémie semble être effectué chez la quasi-totalité des patients traités par fluorouracile ou capécitabine, « celui-ci n’est pas systématiquement réalisé avant le début du traitement », souligne la DGS. La part de patients chez qui le résultat du test d’uracilémie est disponible avant la première dose de traitement varie de 21 % à 72 % selon les centres, sur des données disponibles entre 2019 et 2021.

Chaque année en France, près de 80 000 personnes atteintes d’un cancer – principalement digestif, mammaire ou ORL - sont traitées par une chimiothérapie à base de fluoropyrimidines (5-fluorouracile dit 5-FU, ou capécitabine à savoir Xeloda et génériques), utilisées seules ou en combinaison avec d’autres anticancéreux.


Source : lequotidiendumedecin.fr