Dépistage organisé du cancer du poumon : un programme européen vise à aider à sa mise en place

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Publié le 27/04/2023
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Crédit photo : Phanie

Afin d'accompagner la mise en œuvre du dépistage organisé du cancer du poumon en Europe, le projet Solace* a été lancé le 1er avril pour une durée de trois ans, dans le cadre du plan « Europe’s Beating Cancer ».

Son but est de fournir une « boîte à outils » personnalisée aux centres nationaux et régionaux afin de faciliter la mise en œuvre des programmes de dépistage, en mettant l'accent sur les groupes à haut risque en raison des inégalités en matière de santé.

En France, le projet Solace va agréger les équipes et les résultats de l'étude Cascade coordonnée par la Pr Marie-Pierre Revel, cheffe du service de radiologie de l’hôpital Cochin Port-Royal (AP-HP) et la Pr Marie Wislez, service de pneumologie de l’hôpital.

Lancée en 2022, Cascade est une étude de cohorte observationnelle sur 2 400 femmes asymptomatiques âgées de 50 à 74 ans, fumeuses ou anciennes fumeuses (avec au moins 20 paquets-années). Ce critère de recrutement est largement partagé dans toutes les études qui se sont attachées à évaluer l'impact du dépistage organisé du cancer du poumon (l'étude Nelson, l'étude NLST, l'étude menée par le ministère chinois de la Santé et bien d'autres).

La moitié des femmes de l'étude vont bénéficier d'un scanner faible dose réalisé par un radiologue entraîné au dépistage du cancer du poumon et assisté par une intelligence artificielle (IA). Le but est de comparer les différentes modalités d'analyse des clichés produits dans le cadre du dépistage : analyse par un unique radiologue assisté par une IA ou par un radiologue avec seconde lecture par un expert. L'objectif secondaire est d'évaluer la pertinence de l'IA en tant qu'unique intervenant pour réaliser le dépistage.

L'étude Cascade ne cherche pas à évaluer les résultats de santé publique du dépistage, les différentes études menées à l'étranger ont déjà démontré que la tomodensitométrie à faible dose, lorsqu'elle est mise en œuvre de manière efficace, peut réduire de 20 % le nombre de décès dus au cancer du poumon. Une recommandation de l'Union européenne (UE) invite les États membres à étudier la faisabilité et l'efficacité de cette technique d'imagerie pour dépister les personnes présentant un risque élevé de cancer du poumon. En France, la Haute Autorité de santé (HAS) s'est déclarée favorable à une expérimentation nationale de faisabilité.

Comprendre les inégalités d'accès aux soins

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les personnes à risque n'ont pas accès au dépistage du cancer du poumon. Souvent, cela est lié aux inégalités historiques qui existent avec les communautés défavorisées et vulnérables. Le facteur de risque principal, à savoir le tabagisme, est plus fréquent et intense dans ces groupes, ce qui aggrave le risque de cancer du poumon.

C'est la raison pour laquelle le projet Solace devra prendre en compte de nombreux facteurs pour faciliter la mise en œuvre d'un programme de dépistage du cancer du poumon dans les 27 pays de l'UE. Les premiers programmes pilotes seront menés dans 10 pays. Ils s'adresseront à des communautés isolées géographiquement d’un hôpital. L'une des approches de Solace consistera ainsi à fournir des moyens de transport ou des unités de dépistage mobiles.

Le fait que les femmes soient historiquement une catégorie défavorisée en termes d'accès aux soins, et par ailleurs de plus en plus atteinte par le cancer du poumon, explique l'intégration de Cascade dans le consortium Solace. L’AP-HP, leader sur le programme concernant les femmes, permettra d’améliorer les connaissances sur les cancers du poumon dépistés dans la population féminine.

* Strenghtening the Screening of Lung Cancer in Europe


Source : lequotidiendumedecin.fr