Les consultations d'entrée en surveillance mises en place à l'Institut Curie (IC) s'adressent aux patientes non métastasées en rémission de cancer du sein. Une assistante médicale assure le relais administratif entre médecins de ville et les oncologues de l'IC et vérifie la bonne compréhension par les patientes du calendrier à 5 ans.
« Nous nous sommes rendu compte que les patientes craignent principalement la récidive et ont peur des conséquences d’une hormonothérapie, qu'environ 75 % d'entre elles auront. Nous avons donc rajouté un temps infirmier dans le cadre du dispositif d'annonce », explique Sylvie Hamet, qui a participé à la mise en place cette consultation** à l'Institut Curie - Hôpital René Huguenin en 2015. « Ce temps répond au sentiment d'abandon à la fin du traitement », poursuit-elle. Après avoir revu avec la patiente son parcours de soins à l'hôpital depuis 6 mois, « nous récapitulons avec elle les séquelles liées au traitement et les craintes concernant l'avenir. La durée moyenne des consultations avec les infirmières est de l'ordre de 60-75 min, on voit bien le besoin et l'importance de l'écoute », poursuit-elle.
Douleur, prise de poids, fatigue, troubles de l'attention et de la mémoire, troubles de la sexualité sont des séquelles courantes. Le Dr Claude Boiron, qui assure une consultation de soins de support Après Cancer, précise en outre : « Les bouffées de chaleur sont un effet secondaire extrêmement fréquent de fin de traitement souvent nié ou minimisé par les médecins, dont la plainte trouvera ici une écoute et une réponse non médicamenteuse ». Les infirmières peuvent prévenir les patientes des répercussions sur la dynamique familiale à l'issue du traitement. En effet, l'entourage ne comprend pas toujours la persistance de la fatigue et souhaite un retour à la vie d'avant : cela entraîne un sentiment de culpabilité.
Éducation thérapeutique
Les patientes, souvent jeunes, peuvent aussi être aiguillées vers un atelier de retour à l'emploi animé par une coach au sein de la Maison des patients de l'IC. Ce dispositif de prise en charge de l’Après cancer du sein complète l’offre existant depuis 2012, à savoir le Programme ACTIV’ financé par AG2R et en partenariat avec le Groupe Associatif Siel Bleu. Ce programme d’éducation thérapeutique mise sur la dynamique de groupe pour faciliter l’observance des règles d’hygiène de vie, et propose des ateliers de diététique et d’activité physique. Environ 350 patientes ont pu en bénéficier entre 2015 et 2016. Enfin, le rôle des infirmières est d'orienter les patientes vers les soins de support en interne au besoin, mais surtout vers la ville et l'offre de soins de proximité. Le Dr Boiron indique : « À l'issue du suivi, les patientes ont nos coordonnées et n'hésitent pas à nous contacter en cas de problème. Un lien se crée. » Autre gage de réussite de ce dispositif, « la formation interne de tous les soignants qui font de l'annonce durant le parcours du cancer et la formation de professionnels libéraux afin de leur donner les moyens d'assurer le suivi des patientes », ajoute-t-elle. L'expérience concluante de cette unité devrait être étendue au site de Paris en janvier 2017.
* avec Dr Nasrine Callet, gynécologue, Dr Claude Boiron, médecin soins de support et Valérie Huret, cadre des assistantes médicales.
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