L’ADMINISTRATION d’érythropoïétine dans l’anémie des insuffisants rénaux visant à accroître la production d’érythrocytes peut entraîner la production d’anticorps anti-érythropoïétine. C’est une complication rare, mais susceptible d’entraîner une aplasie érythrocytaire. Elle est due à la production d’anticorps neutralisants anti-érythropoïétine qui non seulement sont capables de neutraliser l’époétine et la darbopoétine administrées, mais aussi l’érythropoïétine propre du patient.
Dans les cas les plus sévères, il n’y a plus d’érythroblastes dans la moelle hématopoïétique, les réticulocytes descendent au-dessous de 10x109 par litre et la vie du patient tient aux transfusions.
Des travaux chez des animaux ainsi que des études préliminaires de phase 1 et 2 chez des volontaires sains et chez des patients souffrant de maladies rénales chroniques ou de cancer, ont montré qu’un peptide agoniste synthétique de récepteurs de l’érythropoïétine, possédant une séquence d’acides aminés différente de l’érythropoïétine native (Hematide, Affymax), se révèle capable de stimuler l’érythropoïèse.
Iain Macgoudall et coll., en association avec des équipes françaises (hôpital Européen Georges Pompidou et Inserm U790), présentent une étude en ouvert, réalisée à l’aide de cet agoniste. Les patients inclus souffrent d’insuffisance rénale chronique et d’aplasie ou d’hypoplasie érythrocytaire pure associée à des anticorps antiérythropoiétine.
L’agoniste a été administré par voie sous-cutanée à la dose initiale de 0,05 mg/kg de poids corporel toutes les 4 semaines.
Hémoglobine supérieure à 11 g/dl.
Un total de 14 patients a été traité par le peptide agoniste pendant une durée médiane de 28 mois. Les résultats sont positifs. Le principal critère d’évaluation, une concentration en hémoglobine supérieure à 11 g/dl sans nécessité de transfusion, a été atteint chez 13 des 14 patients et l’effet a été durable.
La concentration médiane en hémoglobine s’est accrue passant de 9 g/dl (avec un support transfusionnel dans le cas de 12 patients), avant le traitement, à 11,4 g/dl au moment de la dernière administration. Le besoin de transfusions s’est réduit au cours des 12 semaines après la première dose. Après cette dose, 13 des 14 patients n’ont plus eu besoin de recevoir des transfusionsrégulières.
Les réticulocytes se sont accrus d’une médiane de 10x109/l avant le traitement à plus de 100x109/l.
Le taux des anticorps antiérythropoiétine a diminué tout au long de l’étude. Ils sont devenus indétectables chez 6 patients. Un patient répondeur, qui avait le taux d’anticorps le plus élevé, a présenté une réduction de la réponse hématologique quelques mois plus tard malgré une augmentation des doses de l’agoniste; les transfusions ont été reprises. Des anticorps contre l’agoniste ont été trouvés chez lui.
Un patient est décédé 4 mois après la dernière dose de l’agoniste et des effets secondaires de grade 3 ou 4 sont survenus chez 7 personnes au cours de l’étude.
N Engl J Med 36 ; 19, 5 novembre 2009, p. 1848-1855.
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