À ce jour, les facteurs de risque clairement identifiés sont : les altérations génétiques (qui expliquent 10 % des cas), le tabac, le diabète, la pancréatite chronique et l’obésité.
Facteurs de risque : tabac, obésité et diabète
Le principal facteur de risque environnemental est le tabagisme, risque qui augmente avec la durée de l’exposition. Le risque global pour les fumeurs actifs ou sevrés était évalué respectivement à 1,74 (1,61 - 1,87) et à 1,2 (1,11 – 1,29). Fumer augmente de 75 % le risque de cancer du pancréas par rapport aux non-fumeurs, et le risque persiste au minimum 10 ans après l’arrêt du tabac. Cela implique que dans une population où la prévalence du tabagisme est de 30 %, la proportion de cancers du pancréas attribuable au tabagisme est estimée à 20 %.
Un certain nombre d'études ont confirmé qu’obésité et cancer du pancréas étaient associés de façon significative (et ce indépendamment de la présence d’un diabète ou d’un syndrome métabolique associés). L’une des plus grandes études prospectives a analysé les variables anthropométriques de patients et le risque de cancer du pancréas. Ce risque est augmenté de 45 % chez les patients ayant un IMC > 35 par rapport aux patients ayant un IMC de 18,5 à 25. Une méta-analyse décrit un risque relatif de développer un cancer du pancréas augmenté de 1,11 lors d’une augmentation de 10 centimètres du tour de taille ; lors d’une augmentation du ratio tour de taille/tour de hanche de 0,1, il est de 1,19 (IC 95 % 1,09-1,31). Il pourrait donc exister non seulement un lien entre obésité et cancer du pancréas mais aussi entre obésité androïde et cancer du pancréas.
La relation entre diabète et cancer est plus complexe car le diabète est un facteur de risque établi de cancer du pancréas mais est également un phénomène « paranéoplasique », d’apparition fréquente dans les 3 années précédant le diagnostic de cancer. Le risque est de 1,91 (95 % IC : 1,52-2,41) chez les hommes et de 2,05 (IC 95 % : 1,43-2,93) chez les femmes.
Beaucoup d’autres facteurs de risque ont été cherchés sans avoir encore de confirmation scientifiquement fiable à ce jour, on dénombre ainsi une infection à Helicobacter pylori, les groupes sanguins A et B, la toxicité directe de l’alcool, les métaux lourds (plomb, arsenic…), une parodontite, des régimes riches en protéines animales (régime occidental…).
Parmi les facteurs dits protecteurs de cancer du pancréas, les degrés de fiabilité des études sont très variables. On peut répertorier comme étant les plus fiables, la prise de metformine, les traitements antioxydants (régime riche en fibres, fruits et légumes, de type méditerranéen), l’atopie et le groupe sanguin O.
Un défi d’envergure pour les gastroentérologues
Même si la proportion de femmes fumeuses augmente en Europe ainsi que le nombre de personnes en surpoids, cela n’explique pas cette augmentation majeure. Nos modes de vie (type d’alimentation), l’exposition aux polluants (pesticides, pollution croissante en milieu urbain) doivent être questionnés. Répondre à de telles questions demande le suivi prospectif de grandes cohortes sur de nombreuses années. Malheureusement de telles données sont peu accessibles. L’enjeu sera de savoir se coordonner au niveau européen ou international. L’adénocarcinome du pancréas est un des principaux challenges des gastroentérologues et des chercheurs. Soulignons que l’Institut national du cancer (INCA) dédie cette année un Programme d'actions intégrées de recherche (PAIR) spécial au cancer du pancréas. Toutes les thématiques de recherche seront couvertes et notamment l’épidémiologie.
Service de pancréatologie-gastroentérologie, hôpital Beaujon, Clichy
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?