LA COUVERTURE est sobre et sans équivoque. Blanche, elle est traversée de rondes lettres d’un rose heureux qui annoncent : « Mon père a un cancer ».
Le format carré de l’ouvrage invite à l’ouvrir. À chaque page, un tableau. L’espace est peu rempli, la lecture n’en est que plus agréable et le temps est ainsi donné pour bien comprendre le message.
C’est donc bien joli tout ça, comme l’histoire qui a mené à la publication de ce livre.
Gabs est dessinateur, il publie notamment dans la presse magazine (« Nouvel Observateur », « ’Usine »). En 1994, son père est mort d’un cancer. « Il habitait en province, moi à Paris, je descendais le voir peu souvent. J’avais un carnet à dessins et je notais des idées, comme ça, des réflexions de ma mère… Mon père avait beaucoup d’humour, nous on gardait espoir. Mais jamais je n’avais eu l’idée de faire de ces notes un livre. À l’époque, je travaillais à la pige, je n’avais ni l’assurance ni l’aisance qui me permet aujourd’hui de me consacrer à l’écriture. Ce n’est que douze-treize ans plus tard que j’ai retrouvé ce carnet. Et alors, je me suis vu comme spectateur, comme si c’était quelqu’un d’autre qui avait écrit ces choses. Ma femme et moi nous avons trouvé que... ça tenait le coup, professionnellement. Pourtant il ne s’agissait que de hiéroglyphes. Alors je me suis mis à dessiner mais sans toucher une seule virgule aux textes. Je n’ai rien inventé, ce ne sont que des paroles que j’ai entendues. »
Recul.
Le livre est beau, il est gai. La situation de fond (son père a un cancer) est triste, mais elle a inspiré dans cette famille des réflexions pleines d’humour, de tendresse. On serait tenté d’y voir un hommage d’un homme rendu à son père mais l’auteur s’en défend derrière une pudique métaphore : « C’est comme une pellicule photo qu’on aurait développée quinze ans après », balayant les éventuels effets d’une telle publication sur lui-même, reconnaissant cependant ceux qui ont été produits sur les membres de sa famille. L’un qui pleure, d’autres qui préfèrent même ne pas lire le livre.
« Je me suis amusé, raconte encore Gabs , j’étais content de réussir l’attitude de mon père, la position qu’il prenait dans son canapé… »
C’est un témoignage très senti, très personnel et pourtant universel. Plusieurs personnes se sont retrouvées dans cet ouvrage, se réjouit l’auteur. Peut-être parce que la mort est universelle, l’humour aussi.
« Mon père a un cancer », Éditions de La Martinière, 144 pages, 20 euros.
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