Pour les formes avancées de cancer de la vessie, un nouveau traitement associe le pembrolizumab (Keytruda, MSD), immunothérapie anti-PD1, à l’enfortumab vedotin (Padcev), un anticorps conjugué à un médicament (ADC) qui va acheminer une chimiothérapie directement au sein de la tumeur en se fixant à la nectine-4, une protéine exprimée à la surface des cellules tumorales. Ces deux molécules présentent des mécanismes d’action complémentaires. C’est le huitième accès précoce obtenu pour Keytruda en France.
En France, un peu plus de 14 000 nouveaux cas de cancer de vessie ont été diagnostiqués en 2023, dont 81 % chez l’homme, le plus souvent autour de l’âge de 70 ans. Le tabac est responsable de la moitié des cancers urothéliaux. « La très grande majorité des tumeurs (80 %) n’infiltre pas le muscle (tumeurs superficielles). Un peu plus de 20 % sont des tumeurs infiltrantes et plus de la moitié sont localement avancées ou métastatiques », a expliqué la Dr Aude Fléchon, oncologue médicale au centre Léon-Bérard à Lyon.
Une réduction de moitié du risque de décès
L’autorisation d’accès précoce s’appuie sur les résultats de l’essai Keynote-A39, mené en collaboration avec les laboratoires Pfizer (précédemment Seagen) et Astellas. Les résultats ont montré une réduction du risque relatif de décès de 53 % avec l’association par rapport à une chimiothérapie à base de sels de platine après un suivi médian de 17,3 mois, et une réduction du risque relatif de progression de la maladie ou de décès de 55 %.
Le pembrolizumab en association à l’enfortumab vedotin a également montré une amélioration significative de la survie sans progression (SSP), avec une valeur médiane pratiquement doublée par rapport à la chimiothérapie standard (médiane de 12,5 mois versus 6,3 mois). À 18 mois, le taux de SSP était de 43,9 % dans le groupe avec l’association, contre 11,7 % pour celui avec chimiothérapie à base de sels de platine, celui de survie globale de 69,5 % contre 44,7 %.
Un nouveau standard de traitement
Selon les recommandations de la Société européenne d’oncologie médicale (Esmo) et de l'Association européenne d'urologie (EAU), cette association permet de répondre aux besoins médicaux non satisfaits dans cette population et devient le nouveau standard de traitement de première ligne pour tous les patients éligibles.
« Depuis plusieurs décennies, peu d’innovations ont été proposées en première ligne de traitement dans les stades avancés du cancer de la vessie. Pour les patients ayant développé des métastases, le traitement standard restait la chimiothérapie à base de platine suivie d’une maintenance par avélumab pour les patients dont la maladie n’avait pas progressé à l’issue de la chimiothérapie », a précisé la Dr Aude Fléchon,
Le profil de tolérance s’est avéré conforme à celui attendu avec cette association sans nouveau signal de toxicité identifié, avec une incidence plus élevée des effets indésirables avec l’association par rapport aux monothérapies, notamment chez les patientsdont l’âge est supérieur ou égal à 65 ans. Les plus significatifs étaient les atteintes cutanées (notamment éruption cutanée maculopapuleuse), neurologiques (neuropathie périphérique), digestives, les pneumopathies inflammatoires et les effets indésirables à médiation immunitaire. Une carte patient doit être consultée, expliquée et remise lors de chaque prescription.
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