Alors que la campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein Pinktober – Octobre rose en français – laisse place à celle concernant le cancer de la prostate, Movember, des urologues américains ont étudié l'impact de ces événements sur l'intérêt pour ces dépistages. Leur analyse, publiée dans « The Lancet Oncology », montre que la campagne Movember est moins efficace en termes de sensibilisation.
Les auteurs ont étudié les recherches Google effectuées entre octobre 2011 et décembre 2018. Si les deux campagnes en elles-mêmes sont populaires et suscitent un intérêt similaire sur la Toile, les retombées en termes de recherche sur la maladie ou le dépistage divergent.
Alors que le mois d'octobre est associé à un pic de recherches sur le cancer du sein et son dépistage, le nombre de recherches sur le cancer de la prostate ne semble pas être influencé par Movember. Globalement, les recherches sur le cancer de la prostate ont diminué au cours des 6 dernières années, tout comme le nombre de dons et d'inscrits à Movember. Cela coïncide avec la remise en question de l'intérêt du dosage systématique du PSA (antigène prostatique spécifique) en 2012. Le groupe de travail des services de prévention des États-Unis (USPSTF) encourage néanmoins les hommes de 55 à 69 ans à parler à leur médecin du dépistage.
Movember, un problème de cible ?
Les auteurs estiment également que le mouvement Movember (dont le symbole est d'afficher sa moustache sur les réseaux sociaux) ne cible sans doute pas suffisamment les personnes concernées : « Les hommes à risque de cancer de la prostate sont généralement plus âgés que ceux de la génération qui se laissent pousser la moustache en réponse à Movember. » Malgré la viralité de la campagne, l'objectif de sensibilisation ne semble donc pas être atteint. « Internet n'est peut-être pas le moyen le plus efficace pour cette population à risque, et les perceptions et les craintes relatives au cancer de la prostate n'ont sans doute pas été prises en compte de manière adéquate lors de la campagne », avancent les auteurs qui appellent à réfléchir à la façon de faire évoluer ces compagnes pour en tirer pleinement parti.
À noter que la campagne Movember, lancée en 2003, a vocation à sensibiliser de manière plus globale à la santé masculine, et en particulier au cancer de la prostate, au cancer des testicules, à la santé mentale et à la prévention du suicide.
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