Le Pr Jean-Yves Blay, président de la fédération des centres de lutte contre le cancer (Unicancer), a remercié les deux ministres Aurélien Rousseau et Agnès Firmin Le Bodo des avancées réalisées en 2023, lors de ses vœux au secteur, le 11 janvier.
Quelles sont ces avancées ? Le secteur s’est réjoui de l’expérimentation en cours sur les chimiothérapies orales à domicile, de la généralisation de la vaccination contre le cancer du papillomavirus humain et du financement de la radiothérapie au forfait (et non plus à la séance).
En réponse à l’une des principales revendications d’Unicancer, Aurélien Rousseau a également annoncé l’année dernière la suppression du coefficient de minoration tarifaire (imposé au privé non lucratif, sur les allègements de charges sociales) qui serait assurée en deux temps sur deux ans : la moitié en 2024 et l’autre moitié en 2025, le tout permettant un remboursement de plus de 20 millions d’euros. Aucun arbitrage interministériel n’a eu lieu pour l’instant, mais la Fédération espère que cet engagement sera tenu.
Déficit des centres dû à l’inflation
L’inflation a percuté de plein fouet les 18 centres Unicancer, qui ont dû assumer 50 millions d’euros de coûts supplémentaires. Unicancer compte sur un dégel tarifaire intégral qui permettrait de recouvrir sept millions d’euros.
Le paradoxe est que l’activité en volume des centres de lutte contre le cancer ne cesse de progresser (+ 16% depuis 2019 et +8 % entre 2022 et 2023), mais dans le même temps, ceux-ci subissent un lourd endettement dû à l’inflation, ce qui a un impact sur leurs plateaux techniques, gros consommateurs d’énergie. Quinze établissements enregistrent un déficit de plus de un million d’euros et quatre de plus de cinq millions d’euros. Cela entraîne des difficultés supplémentaires car ils doivent autofinancer leurs investissements. Facteur aggravant, il existe une forte tension sur les ressources humaines. Le taux de postes vacants est de 7 % chez les manipulateurs radio, de 7 % chez les infirmières et de 17 % chez les Ibode. Quant au taux d’absentéisme, il est de 8,2 %.
Concernant les autres motifs de satisfaction, Unicancer salue la décision de revaloriser le point d’indice de la fonction publique (dites mesures Guérini). En complément, les centres ont obtenu l’assurance que le secteur bénéficiera des revalorisations des indemnités de nuit (dites mesures Braun) à partir de janvier 2024.
Tensions RH
Unicancer attire également l’attention sur la problématique autour des ressources humaines. Car l’activité libérale interdite dans les centres mais autorisée à l’hôpital crée des différences et donc des tensions dans certaines spécialités (radiothérapie, médecine nucléaire, radiologie, anapath, anesthésie-réanimation). « Les jeunes praticiens viennent se former dans les CLCC mais ne restent pas », déplore Sophie Beaupère, déléguée générale de la Fédération qui souligne un manque de fidélisation de ces professionnels. Le Pr Jean-Yves Blay enfonce le clou : « L’exercice exclusivement public est une spécificité des CLCC, mais il existe une attente forte pour que cela change. Nous ne pouvons pas rester dans les limbes où nos praticiens d’excellence ne sont pas payés de la même manière. »
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