C’est un accident dramatique survenu le 27 octobre dernier. Un garçon de 12 ans, scolarisé à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) a fait une lourde chute qui a provoqué un traumatisme crânien au final mortel. Cette chute est arrivée après un malaise survenu 15 minutes après une vaccination. « L’origine du décès réside dans la survenance d’un traumatisme craniocérébral compatible avec les premiers éléments décrits par les personnes présentes, c’est-à-dire une chute en arrière consécutive à un malaise », a indiqué Renaud Gaudeul, le procureur de la République de Nantes.
Il est difficile de connaître les conséquences de cet accident sur la campagne de vaccination contre les HPV, lancée en octobre dans les collèges de France (publics et privés sous contrat volontaire) pour les élèves de 5e. « C’est évidemment un drame terrible et nous pensons tous à la famille de ce garçon. Nous tenons à leur adresser nos sincères condoléances. Comme l’a rappelé le directeur de l’ARS des Pays de la Loire, une enquête administrative est en cours, indique le Pr Claude Linassier, directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins de l’Institut national du cancer (Inca). Concernant la vaccination, rappelons que nous avons aujourd’hui un recul de plus de dix ans sur sa sûreté et son efficacité. Les surveillances mises en place au niveau international et les résultats d’études spécifiques ont confirmé son excellent profil de sécurité, reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). . À ce jour, plus de 300 millions de doses ont été délivrées dans le monde, dont plus de six millions en France. »
Une priorité de santé publique
Chaque année en France, 6 400 nouveaux cas de cancers sont liés aux HPV. « Si ces cancers concernent en majorité les femmes, un quart touchent les hommes, notamment ceux de l’anus et du pénis, mais aussi les cancers ORL, qui comptent 1 300 cas par an en France chez les hommes et 400 chez les femmes », précise le Pr Linassier. Les cancers du col de l’utérus, qui sont exclusivement liés aux HPV, touchent quant à eux près de 3 100 femmes, et causent environ 1 100 décès chaque année en France.
Par ailleurs, les virus HPV sont également responsables de très fréquentes verrues anogénitales, qui dégradent sérieusement la qualité de vie. Elles sont bénignes mais récidivantes et affectent autant les hommes que les femmes (100 000 personnes par an) ; leur prise en charge est particulièrement douloureuse.
Réduction de risque objectivée
En France, le taux de couverture vaccinale reste largement en retrait par rapport à d’autres pays. « En Suède, ce taux a atteint 83 % en 2022 ; il est d’au moins 80 % en Australie. En France, seules 41,5 % des filles ont atteint le schéma vaccinal complet à l’âge de 16 ans et, chez les garçons, la couverture n’est que de 8,5 %. Il est donc essentiel de favoriser la participation, y compris chez les garçons, si on veut assécher le réservoir de virus », indique le Pr Linassier, en ajoutant que de nombreuses données documentées mettent en évidence la forte efficacité de la vaccination.
Les vaccins contre les infections à HPV ont été introduits dans de nombreux pays dans le monde depuis les années 2006-2007. En 2018, tous les pays d’Europe ont introduit la vaccination contre les HPV dans leurs programmes nationaux. « La première observation d’une association entre vaccination et réduction du risque de cancer du col de l’utérus a été publiée à partir du registre de cancers suédois en 2020. Sur la période 2006-2017, l’observation des cancers survenus chez les femmes âgées de 10 à 30 ans a permis de mettre en évidence un risque de cancer invasif du col de l’utérus inférieur chez les jeunes femmes ayant reçu a minima une dose de vaccin quadrivalent contre les HPV. Toujours en Suède, une réduction des lésions précancéreuses de 75 % a été observée chez les jeunes femmes vaccinées avant l’âge de 17 ans, en comparaison aux autres jeunes femmes. Par ailleurs, la réduction du nombre de nouveaux cas de cancers invasifs du col est plus importante chez les femmes vaccinées à un plus jeune âge », souligne l’Institut national du cancer, en précisant qu’en Australie, la couverture vaccinale d’au moins 80 % a permis une réduction de plus de 77 % des génotypes (types de HPV) responsables de 75 % des cancers du col de l’utérus, et une diminution de plus de 50 % de l’incidence des lésions précancéreuses cervicales de haut grade chez les jeunes femmes de moins de 20 ans. « Dans ce pays, le succès de la campagne de vaccination, associée au dépistage, ouvre la perspective d’une élimination du cancer du col de l’utérus d’ici une quinzaine d’années », indique l’Institut.
En Australie notamment, la couverture vaccinale d’au moins 80 % a permis une réduction de plus de 77 % des génotypes responsables de 75 % des cancers du col de l’utérus et une diminution de plus de 50 % de l’incidence des lésions précancéreuses cervicales de haut grade chez les jeunes femmes de moins de 20 ans. « Dans ce pays, le succès de la campagne de vaccination, associée au dépistage, ouvre la perspective d’une élimination du cancer du col de l’utérus d’ici une quinzaine d’années », indique l’Institut.
Entretien avec le Pr Claude Linassier, directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins de l’Institut national du cancer (INCa).
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