LE CONGRES ANNUEL de recherche en dermatologie s’est tenu en 2009 à Reims, du 3 au 5 juin à la faculté de médecine. Il s’agissait cette année d’un congrès placé sous le thème de la matrice extracellulaire, dont une journée était organisée conjointement par la Société de Recherche dermatologique (SRD) et par les sociétés française et allemande des biologistes spécialistes du tissu conjonctif : la Société Française de la Biologie de la Matrice Extracellulaire (SFBMEC) et la Deutsche Gesellschaft für Bindegewebsforschung (DGB). Cette journée commune proposait des conférences et des sessions de communications en langue anglaise, permettant la rencontre et le rassemblement de chercheurs d’horizons différents autour de la thématique de la matrice extracellulaire. Au total, 230 chercheurs ont participé à ce congrès qui comportait 110 communications orales et 9 conférences invitées.
Lors de la journée commune autour de la matrice extracellulaire, les communications ont abordé le thème important de la contribution du microenvironnement cellulaire au phénomène de progression tumorale. Lors d’une conférence invitée, le Pr Curzio Ruegg de Lausanne a fait le point sur les interactions entre les cellules cancéreuses (par exemple les cellules de mélanome) et la matrice extracellulaire. Le rôle de régulation positive ou négative des protéoglycannes dans la migration des cellules mélanocytaires a également été abordé lors de communications orales, ainsi que la modulation des fibroblastes et myofibroblastes, principales cellules résidentes de la matrice extracellulaire, par des cytokines comme le TGFß, ou des facteurs de transcription impliqués dans l’inflammation.
Protéines de la jonction dermo-épidermique.
Une autre thématique de recherche importante portant sur la matrice extracellulaire concerne les protéines impliquées dans la jonction dermo-épidermique. Une de ces protéines, pour laquelle la recherche a beaucoup progressé ces 15 dernières années, est la protéine PB180. Le Pr Luca Borradori de Berne a résumé les avancées réalisées dans la connaissance de la structure de la protéine et de son implication dans les maladies bulleuses auto-immunes et héréditaires. Il s’agit en effet d’un antigène cible dans la pemphigoïde bulleuse et sa mutation peut être responsable d’une forme très particulière d’épidermolyse bulleuse héréditaire. La laminine 332 est une autre protéine majeure de la jonction, impliquée dans l’épidermolyse bulleuse héréditaire létale et dans une forme de pemphigoïde sévère des muqueuses. PB180 et laminine 332 sont par ailleurs impliquées dans les mécanismes de la prolifération et de réparation cellulaire.
Les autres domaines de la recherche dermatologique développés, hors matrice extracellulaire, étaient principalement l’immunodermatologie, la biologie du kératinocyte et bien sûr la recherche portant sur le mélanome.
En immunodermatologie, des communications intéressantes ont porté sur les interactions entre lymphocytes T et cellules présentatrices d’antigène, et leurs implications dans les mécanismes d’hypersensibilité retardée et certaines toxidermies graves.
Concernant la biologie du kératinocyte, les travaux de recherche s’orientent actuellement sur la compréhension des cellules-souches de l’épiderme et leurs implications dans les mécanismes du cancer et la réparation cellulaire. Beaucoup de travaux s’intéressent également aux protéines impliquées dans la différenciation terminale, notamment la filaggrine. D’autres protéines, comme la dermokine, découverte grâce à l’analyse du transcriptome, pourraient avoir une action de régulation de l’inflammation.
Immunothérapie dans le mélanome.
Le mélanome a fait l’objet de nombreuses communications. Une des voies de recherche importantes actuellement est l’étude des mécanismes moléculaires de l’invasion tumorale. L’objectif est d’arriver à différencier précocement les mélanomes à invasion rapide, de ceux à progression plus lente et moins agressive, et d’identifier des marqueurs physiopathologiques, mais aussi des marqueurs utilisables en clinique, comme le protéasome plasmatique. Par ailleurs, l’analyse de molécules à action angiogénique, tels que l’AMP cyclique ou le mannose-6-phosphate, offre des perspectives thérapeutiques intéressantes.
La conférence du Pr Brigitte Dreno de Nantes, qui coordonne de nombreuses études en immunothérapie cellulaire dans le domaine du mélanome, a permis de faire le point sur l’immunothérapie adoptive et la vaccination antitumorale. Ces techniques, encore au stade de la recherche, offrent des espoirs thérapeutiques importants. L’immunothérapie adoptive, consistant en la réinjection de lymphocytes issus de la tumeur (TIL) après expansion, peut être utile dans le traitement des mélanomes d’évolution métastatique limitée. On sait maintenant qu’une bonne expansion in vitro de ces TIL est une étape cruciale pour l’obtention d’un effet thérapeutique. Actuellement, la recherche s’oriente vers l’utilisation de certaines protéines comme la mélan-A, afin d’obtenir des clones lymphocytaires plus agressifs contre les cellules tumorales. Des travaux très récents étudient les mécanismes d’échappement thérapeutique des TIL et en particulier le rôle des lymphocytes T régulateurs.
La seconde partie de la conférence portait sur le développement thérapeutique le plus important actuellement dans le domaine des traitements immunologiques : la voie vaccinale. MAGE-3 est la protéine vaccinale la plus développée dans les essais cliniques. Les travaux évaluent son utilisation en adjuvant pur ou en palliatif associé à d’autres thérapeutiques, ainsi que l’existence de profils génétiques de réponse à la vaccination. L’enjeu actuel est l’identification de marqueurs biologiques permettant de cibler les patients « bons répondeurs » à ce type d’approche vaccinale.
D’après un entretien avec le Pr Philippe Bernard, dermatologue à l’hôpital Robert-Debré, Reims.
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