C’EST EN 1971 qu’un chirurgien de Boston suggérait qu’un bon moyen d’empêcher le développement d’une tumeur était l’inhibition de l’angiogenèse. Une vision révolutionnaire qui pendant des années attira plus de sarcasmes que la recherche mais qui aujourd’hui révolutionne le traitement de nombreux cancers. Les médicaments anti-VEGF (bévacizumab) ou ciblant ses récepteurs (sunitinib, sorafénib, axitinib) élargissent rapidement leurs indications. Des systèmes alternés VEGF indépendants ou complémentaires (Vascular Disrupting Agents -VDA- en voie NOTCH, à travers l’inhibition du DLL4) sont en cours d’exploration, avec l’espoir d’élargir les indications et/ou améliorer les résultats des médicaments actuellement disponibles.
Tout en ne niant pas l’importance de la recherche de nouveaux mécanismes d’action, le Pr Olivier Rixe (NIH, Bethesda, USA) insiste sur la nécessité de travailler encore sur les anti-VEGF afin d’utiliser au mieux ces molécules : compréhension des mécanismes de résistance, que celle-ci apparaisse d’emblée ou après plusieurs mois de traitement et, à terme, identification de facteurs prédictifs de réponse au traitement). Des recherches qui sont obligatoirement multidisciplinaires associant biologie moléculaire et imagerie de dernière génération ; à ce titre le Pr Rixe souligne l’exemplarité du NIH américain : « Un modèle que la recherche française doit suivre dans le sens d’une plus grande transversalité ».
Les bases moléculaires.
Même si les applications thérapeutiques de l’angiogenèse en cardiologie sont moins spectaculaires, le Pr Pierre Corvol (Collège de France) rappelle qu’en quelques années seulement, on a isolé des déterminants responsables de la genèse des vaisseaux, de leur croissance et de leur différenciation en artère, veine ou lymphatique, maîtrisant de plus en plus les bases moléculaires de l’angiogenèse physiologique ou pathologique. La cible prioritaire étant, bien sûr, les pathologies ischémiques, essentiellement l’ischémie critique des membres inférieurs et la pathologie coronaire. Tous les orateurs sont restés prudents mais les potentialités de l’angiogenèse paraissent importantes dans les pathologies cardio-vasculaires, ce qui peut passer par les thérapies géniques ou cellulaires mais aussi par l’utilisation de médications pro-angiogéniques.
Une chose est sûre, le progrès passe par une véritable collaboration pluridisciplinaire : c’est tout le sens de ce colloque conçu par les Prs Pierre Corvol et Pierre Godeau mais aussi par le Pr Roger Luccioni qui nous a malheureusement quitté au printemps 2008. « Avec Roger Luccioni, l’Institut Servier perd l’un des membres les plus actifs et les plus prestigieux de son conseil scientifique », a rappelé le président de ce dernier, le Pr Pierre Godeau.
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