La survie à 5 ans après un cancer progresse dans le monde, mais de manière très différente selon les pays, démontre l'étude Concord-3, publiée ce 30 janvier dans « The Lancet », à partir des données de 37,5 millions de patients souffrant d'un des 18 types de cancer les plus répandus, données consignées dans les 322 registres de 71 pays, entre 2000 et 2014.
Une poignée de pays se distinguent par des taux de survie qui n'ont cessé d'augmenter ces 15 dernières années, comme les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Finlande, la Norvège, l'Islande et la Suisse. Le taux de survie à 5 ans après un cancer du sein s'élève à 90 % pour les femmes américaines et australiennes, et à plus de 85 % dans 16 pays européens contre 66 % en Inde, et 71 % en Europe de l'Est.
Les cancers du foie et des poumons restent les plus meurtriers partout dans le monde, mais les taux de survie se sont améliorés, pour le premier en Corée du Sud (de 11 % à 27 %), en Suisse (5 % à 17 %), au Portugal (8 à 19 %), et en Norvège (6 à 19 %), et pour le second, dans 21 pays européens (7 à 13 %), en Chine (8 à 20 %), au Japon (23 à 33 %), et en Corée du Sud (10 à 25 %).
Les auteurs soulignent les bons résultats de l'Asie du Sud concernant les cancers gastro-intestinaux, avec des taux de survie allant jusqu'à 69 % en Corée du Sud, et 60 % au Japon. Parmi les explications possibles : des programmes d'examens endoscopiques sur certaines populations, qui pourraient notamment inspirer la Russie, où ces pathologies représentent un enjeu de santé publique.
À l'inverse, la survie à la suite d'un mélanome en Asie du Sud est moins bonne qu'ailleurs, à cause d'une moindre prise de conscience de l'opinion et d'une prévalence plus forte du mélanome acral lentigineux.
Le taux de survie à 5 ans de patients souffrant d'un cancer du pancréas ne dépasse par les 15 %. « D'importants efforts internationaux doivent être fournis pour comprendre les facteurs de risque de ce cancer léthal et pour améliorer la prévention, le diagnostic précoce et le traitement », commente l'un des auteurs de l'étude, le Pr Michel Coleman, de la London school of Hygiene and tropical medicine.
Cancers pédiatriques : de fortes disparités
Les auteurs s'inquiètent de très fortes disparités dans les survies des cancers pédiatriques, déjà épinglées dans Concord 2. Pour les tumeurs au cerveau, la survie sur cinq ans est deux fois plus élevée au Danemark, en Suède, en Slovénie, (environ 80 %) qu'au Mexique et au Brésil (moins de 40 %).
La leucémie aiguë lymphoblastique, cancer le plus fréquent lors de l'enfance, tue plus de 40 % des enfants atteints en Chine, au Mexique ou en Équateur, mais moins de 10 % aux États-Unis, au Canada et dans neuf pays d'Europe de l'Ouest.
« Malgré tous les progrès, le cancer tue plus de 100 000 enfants chaque année dans le monde », déplore le Pr Coleman, appelant à un partage de bonnes pratiques entre les pays.
Enfin, les chercheurs plaident pour consolider les données, notamment grâce aux registres nationaux et régionaux. L'absence de politiques de santé fondées sur ces registres, « traduit à la fois une visée politique de court terme et des priorités mal placées », a estimé l'oncologue britannique Richard Sullivan.
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