LE QUOTIDIEN : Les données du CIRC indiquent une forte augmentation du cancer du poumon chez la femme en Asie, des cancers colo-rectaux en Chine et au Brésil et des cancers de la prostate dans plusieurs populations africaines. Comment l'expliquez-vous ?
C'est ce qu'on appelle l'occidentalisation des cancers. Beaucoup de pays sont en train de vivre une transition économique rapide et adoptent les habitudes des Occidentaux : une alimentation de plus en plus riche, une sédentarité accrue et des comportements comme le tabagisme qui augment le risque. Par ailleurs, les cancers liés aux infections restent nombreux, même si leur part diminue. C'est le cas notamment en Asie avec les cancers du foie et gastriques.
En Afrique, les cancers liés aux infections restent eux-aussi très importants. Le cancer du col a par exemple, une incidence supérieure à 40 cas pour 100 000 habitants dans le sud, l'est et l'ouest de l'Afrique, contre moins de 10 en Europe...
Quand on parle de l'Afrique, il faut distinguer deux régions : l’Afrique du Nord, qui tend à rejoindre les pays développés en termes de répartition des cancers et l’Afrique subsaharienne qui, elle, « résiste » à l'occidentalisation des cancers car le développement économique y est plus lent. Les cancers liés aux infections restent prédominants. Chez les hommes, le cancer du foie du foie provoqué par les hépatites est le plus fréquent en Égypte, en Guinée ou encore en Gambie. Chez les femmes, le cancer du col de l'utérus, provoqué par le papillomavirus, reste devant le cancer du sein qui est pourtant la première cause de cancer féminin partout ailleurs dans le monde. On retrouve aussi dans cette région beaucoup de sarcomes de Kaposi, causés par l’infection par le VIH.
Le cancer de la prostate est le premier type de cancer chez les hommes dans toutes les régions OMS, à l’exception de la région Asie. Comment l'expliquez-vous ?
Depuis 100 ans que le CIRC existe, on a toujours constaté que le cancer de la prostate est très fréquent dans les populations noires d’Afrique et des Caraïbes, un peu moins dans les populations caucasiennes, et très rare dans les populations asiatiques où il est dix fois moins fréquent que dans les populations noires.
Le cancer du poumon reste le cancer de plus fréquent et le plus meurtrier dans le monde. Sait-on quelle part de ce cancer est attribuable à la pollution de l’air ?
L'impact de la pollution sur la santé pulmonaire est un sujet très étudié. L’OMS a d’ailleurs produit un rapport sur le sujet. Les données d’une étude récente menée avec l’Inca et l’INSERM montrent que la pollution de l'air n'est responsable que de 3 ou 4 % des cancers du poumon en France. Une cause que l’on oublie en revanche est l’exposition au radon qui est à l’origine de 10 % des cancers du poumon.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?