«?DÉVELOPPÉE À LA fin des années 1970, l’urétéroscopie est devenue dix ans plus tard une des techniques de référence pour le traitement des pathologies de la voie excrétrice, calculs dans trois-quarts des cas, mais aussi tumeurs et rétrécissements? », rappelle le Pr Olivier Traxer. Un grand pas en avant fut franchi avec l’arrivée de l’urétéroscopie souple, mise au point aux États-Unis par Bagley et Grasso au début des années 1990. Un progrès qui a permis d’améliorer le confort, de faciliter l’acte, d’accéder aux calices et de réduire les complications, mais qui ne fit son apparition en France qu’en 1999-2000, principalement pour des raisons financières? : coût élevé du matériel, qui plus est, fragile, et absence de cotation de l’acte dans la CCAM. Une deuxième génération d’urétéroscopes souples a ensuite été mise au point au début des années 2000, apportant une meilleure vision grâce à l’amélioration de la qualité des fibres optiques et une meilleure exploration des cavités pyélo-calicielles par amélioration de leurs capacités de déflexion.
«?Enfin, un immense bond a été réalisé à la fin de 2006 avec le remplacement des fibres optiques par la technologie numérique? : capteurs CCD pour Charge-Coupled Device ou CMOS pour Metal oxide semiconductor. Une véritable révolution en termes de qualité d’images, synonyme de meilleure précision diagnostique et thérapeutique? », souligne le Pr Traxer.
Plusieurs études récentes menées in vitro et in vivo ont démontré la supériorité, comparativement à différents urétéroscopes souples à fibres optiques, du premier urétéroscope souple faisant appel à la technologie numérique CMOS, le DUR-D Invisio, développé par Gyrus ACMI, notamment sur des critères tels que la résolution et la discrimination.
Le second appareil numérique, introduit sur le marché au début de l’année 2008, l’URF-V, développé par Olympus, est, lui, équipé de capteurs s’appuyant sur la technologie CCD. Il dispose d’une fonction encore en cours d’évaluation, mais qui pourrait avoir des implications très intéressantes dans le dépistage de certaines lésions malignes du tractus urinaire? : le NBI, pour narrow band imaging system. Ce système, qui permet en pratique d’accroître la visibilité des capillaires au niveau de la muqueuse en utilisant non pas de la lumière blanche mais des faisceaux focalisés sur le bleu et le vert, a d’ores et déjà fait la preuve de son intérêt dans la détection des tumeurs vésicales urothéliales récidivantes.
«?L’espoir est bien sûr que cette technologie permette le diagnostic précoce de lésions difficiles à mettre en évidence, telles que le carcinome in situ, par exemple chez des patients ayant une cytologie urinaire positive avec un scanner normal? », précise le Pr Traxer. Ces urétéroscopes ont toutefois un diamètre un peu supérieur à celui des appareils à fibres optiques? : 3?mm versus 2,4 à 2,7?mm, ce qui rend leur manipulation un peu plus délicate. Autre écueil? : leur prix, de l’ordre de 20?000 à 45?000?euros, contre 8?000 à 12?000 pour les fibres optiques, sans amélioration prouvée de leur résistance. Sachant qu’un urétéroscope souple peut être empli pour 40 à 60 interventions, il n’est pas besoin de savants calculs pour souligner le coût élevé de leur utilisation, qui doit donc être réservée à des indications précises.
D’après un entretien avec le Pr Olivier Traxer, hôpital Tenon, Paris.
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