Le Braftovi (encorafénib), déjà pris en charge dans le mélanome non résécable ou métastatique porteur d'une mutation BRAF V600, est désormais également remboursé dans le cancer colorectal (CCR) métastatique porteur d'une mutation BRAF V600E pour les patients ayant reçu un traitement systémique antérieur, en association au cétuximab.
L'encorafénib est une petite molécule qui inhibe sélectivement la kinase BRAF au sein de la voie de signalisation MAPK (RAS-RAF-MEK-ERK), bloquant ainsi la prolifération des cellules cancéreuses. Dans le CCR métastatique, des mécanismes de résistance à l’inhibition BRAF ont été constatés via une réactivation de la signalisation EGFR. Pour lutter contre cette réactivation, le développement de l’encorafénib a été réalisé en association avec le cétuximab, un anti-EGFR.
Près de 10 % des CCR métastatiques
Environ 48 000 nouveaux cas de CCR sont diagnostiqués chaque année en France ; 75 % des patients sont âgés de plus de 65 ans et 50 % ont plus de 70 ans. Les taux de survie à cinq ans varient de 90 % au stade I à moins de 13 % au stade IV (métastatique). Environ 25 % des patients sont diagnostiqués au stade IV d’emblée et jusqu’à 50 % évolueront vers ce stade au cours de la maladie.
On estime que les mutations BRAF sont présentes chez environ 10 % des patients atteints de CCR métastatique. Dans plus de 95 % des cas, il s’agit de la mutation activatrice BRAF V600E, soit 1 500 à 2 000 patients par an. « Les patients ayant un CCR muté BRAF V600E sont souvent des patients âgés, plutôt de sexe féminin, ayant une tumeur au côlon droit dans 70 % des cas, rapporte la Dr Emmanuelle Samalin, gastroentérologue à l’Institut du cancer de Montpellier. Ils présentent moins de métastases hépatiques et pulmonaires, mais plus de métastases péritonéales et ganglionnaires. »
Malgré les thérapeutiques disponibles, le pronostic du CCR métastatique avec mutation BRAF V600E reste mauvais à partir de la deuxième ligne avec une médiane de survie globale de moins d’un an (de quatre à six mois selon les études).
Premier traitement ciblé pour la mutation BRAF V600E
Les données de l’étude Beacon CRC ont montré que, par rapport au groupe recevant l’association cétuximab et irinotécan (contrôle), l’encorafénib en combinaison avec le cétuximab a amélioré de manière significative la survie globale chez les patients atteints de CCR métastatique à mutation BRAF V600E (médiane 9,3 mois versus 5,9 mois, HR : 0,61 ; IC 95 % : 0,48-0,77). Le risque de décès était diminué de 39 %. Une amélioration de la survie sans progression a également été observée : 4,3 mois dans le groupe encorafénib + cétuximab versus 1,5 mois dans le groupe irinotécan + cétuximab (HR : 0,44 ; IC 95 % : 0,35-0,55).
L’encorafénib en association avec le cétuximab a démontré un profil de sécurité favorable, sans toxicité inattendue au cours de l’essai. Les effets indésirables les plus fréquents étaient la diarrhée, les nausées, les vomissements, la dermatite acnéiforme (surveillance dermatologique régulière nécessaire).
La dose recommandée d’encorafénib est de quatre gélules de 75 mg une fois par jour. Le cétuximab est administré par perfusion hebdomadaire.
Un circuit de distribution original
« Pour accompagner l’accès à cette thérapie ciblée, nous allons apporter notre meilleur support aux oncologues et aux pharmaciens d’officine qui exercent des rôles complémentaires dans la prescription, la délivrance et la bonne observance d’un traitement permettant au patient d’être soigné à domicile », a déclaré Dominique Gougeon, directeur de l'unité commerciale (BU pour Business Unit) Oncologie Pierre Fabre.
C’est ainsi, qu’un circuit de distribution direct pour un accompagnement optimisé des pharmaciens d’officine, dans l’intérêt des patients et en lien avec l’équipe hospitalière, est mis en place. Après une dispensation initiale à l’hôpital, celle-ci pourra se faire ensuite en ville via la livraison en direct des officines par Pierre Fabre. Cette distribution directe s’accompagne de la mise à disposition d’informations permettant au pharmacien d’accompagner au mieux les patients traités en ambulatoire. Pierre Fabre a déjà mis en place ce circuit pour le traitement combiné Braftovi-Mektovi dans le mélanome avancé.
D’après une conférence Pierre Fabre
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?