Le Covid-19 reste la troisième cause de décès en 2021, en touchant des populations plus jeunes, tandis que les décès liés aux maladies cardio-neurovasculaires, endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques augmentent ; tel est le tableau des grandes causes de mortalité en 2021, que dressent les autorités sanitaires. Lueur d'optimisme : les décès dus aux tumeurs continuent de baisser (même si les cancers restent la première cause de mortalité), ainsi que ceux liés aux maladies respiratoires.
Ces travaux, qui s'appuient sur la statistique nationale des causes de décès produite par le Centre d’épidémiologie des causes médicales de décès (CépiDc) de l’Inserm, sont publiés ce 19 décembre conjointement dans Études et Résultats (de la Direction de la recherche, des études et de l’évaluation des statistiques - Drees) et dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France.
Une mortalité encore en excès en 2021
Avec un nombre total de décès de 660 168, l'année 2021 reste plus endeuillée que les années antépandémiques (603 901 en moyenne sur 2016-2019) - même si on constate une amélioration par rapport à 2020 (667 497 décès), grâce à la montée en charge de la vaccination. Le taux de mortalité masculine est 1,7 fois supérieur à celui des femmes, surtout chez les moins de 65 ans.
Le Covid est responsable de 9,2 % de l'ensemble des décès, derrière les tumeurs (25,7 %), et les maladies de l’appareil circulatoire (20,9 %). Le Sars-CoV-2 a ainsi causé la mort de 60 895 personnes en France en 2021, en majorité des personnes âgées (84 ans en médiane), légèrement plus jeunes qu’en 2020 (86 ans en 2020). Même si ce nombre de décès est en baisse (de 12 % par rapport à 2020), le Covid a tué plus que toutes les autres maladies respiratoires.
L'évolution de la mortalité au cours de l'année, touchant différents publics, reflète les vagues épidémiques (avec trois périodes critiques, janvier à mai, août, puis automne-hiver), mais aussi l'impact de la vaccination et des mesures barrières. Ainsi les plus de 85 ans ont proportionnellement été moins touchés qu'en 2020 (49,6 % en 2021, contre 56,8 % en 2020), tandis que le nombre de décès des 65 à 74 ans augmente de 17,4 %, et celui des moins de 65 ans, de 19,2 % (tout en restant faible, à 5 127). Des dynamiques également observées en Espagne, Italie ou aux États-Unis. « La réduction des mesures de confinement et la reprise des activités en 2021 ont pu favoriser une plus grande circulation du virus chez les personnes plus jeunes, renforcée par une plus forte contagiosité des variants Alpha, Bêta et Delta », lit-on.
Par ailleurs, la mortalité due au Covid s’est intensifiée dans les départements et régions moins vaccinés d’outre-mer (Drom) par rapport à 2020, avec en particulier un pic épidémique marqué en août 2021 aux Antilles : les Ultramarins comptent alors pour un tiers de tous les décès français liés au Covid.
Rebond des morts par maladies cardiovasculaires et respiratoires
Sur le front des cancers, la mortalité continue de baisser, à l’exception des tumeurs du pancréas et des mélanomes, toujours en hausse. Idem en ce qui concerne les maladies du système nerveux (en particulier, Alzheimer), les démences, ou encore les maladies respiratoires, notamment chroniques et les pneumonies - ceci grâce à l'acculturation des mesures barrières.
En revanche, les décès dus aux maladies cardio-neurovasculaires, aux maladies de l’appareil digestif et aux maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques augmentent en 2021. Ces évolutions défavorables, qui ne s’inscrivent pas dans la tendance baissière pré-Covid 2015-2019, sont d’autant plus inquiétantes que de premières estimations pour 2022 semblent les confirmer, lit-on.
Dans le détail, les auteurs du BEH soulignent la hausse de la mortalité liée aux cardionéphropathies hypertensives et aux infarctus du myocarde, notamment chez les hommes, et les personnes âgées de 65 à 84 ans, et côté maladies de l'appareil digestif, une augmentation des cirrhoses, fibroses et hépatites chroniques chez les hommes de 65 ans ou plus, ou encore des maladies du rein et de l’uretère chez les femmes de 65-84 ans.
Ces hausses de la mortalité pourraient être des effets indirects de l’épidémie de Covid-19 : retard de prise en charge, isolement social plus important jouant sur les comportements, hausse de la consommation nocive d'alcool, difficultés d'accès aux soins… Mais d'autres facteurs, sans lien avec l'épidémie, pourraient jouer, reconnaissent les auteurs. Enfin, ils notent une dernière conséquence de l'épidémie de Covid : l'augmentation de la proportion des décès à domicile dans le sillage de la crise sanitaire.
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