REMIS MERCREDI au président Sarkozy, le dernier rapport annuel de la Cour des Comptes (1), qui consacre plusieurs chapitres à la santé (voir ci-dessous), n’épargne pas la politique du dossier médical personnel (DMP) dont la création était inscrite dans la réforme 2004 de l’assurance-maladie de Philippe Douste-Blazy.
Les magistrats épinglent en priorité la gestion passée du Groupement d’intérêt public (GIP) chargé du DMP et non la conduite du projet, qui avait été déjà éreintée par un rapport d’audit en 2007. Conformément au plan de relance de la ministre Roselyne Bachelot, le GIP-DMP est en voie de dissolution dans la future ASIP (Agence des systèmes d’information de santé partagés). Loin de tirer sur l’ambulance, la Cour des comptes constate que « le dimensionnement et les moyens (du GIP-DMP) n’ont jamais été à la hauteur des ambitions qui lui étaient confiées. Il a de ce fait connu de nombreux dysfonctionnements au cours de sa courte existence, qu’il s’agisse de sa gestion administrative et financière, de sa maîtrise d’ouvrage informatique ou de sa gestion des conventions et marchés ». Le rapport met en cause essentiellement la responsabilité du politique. « Les cabinets des ministres successifs chargés de la Santé ont exercé la surveillance directe du GIP, en méconnaissant tant les bonnes pratiques que les mises en gardes » (du Contrôle général économique et financier), écrit la Haute juridiction. Elle décrit comment le cabinet ministériel, dépourvu des compétences appropriées, a pris l’habitude de « tenir à l’écart l’administration centrale des prises de décision ». « Si une forte impulsion politique est nécessaire pour lancer et accompagner des projets de cette envergure, une fois fixés les objectifs et les moyens de leur action, l’autonomie des organismes qui en ont la charge doit être respectée sous la tutelle des administrations centrales », explique la Cour. De ce fait, conclut-elle, « la création de l’ASIP devra éviter de reproduire les errements dont le GIP-DMP a été victime ».
Un tournant a été pris et la nomination en décembre dernier du Dr Jean Yves Robin à la direction du GIP-DMP, en remplacement de Jacques Sauret, laisse augurer d’un nouveau départ pour ce projet. Du moins est-ce l’espoir des médecins et de l’ensemble des professionnels de santé qui souhaitent, comme le précise le Dr Gilles Urbejtel, en charge du dossier à MG-France, que le DMP soit bientôt un outil de coordination des soins à disposition des praticiens et améliore la prise en charge des patients.
Avancer rapidement.
Du côté du GIP-DMP, en tout état de cause, on prend date. Les premières annonces et la nouvelle feuille de route devraient être précisées par le directeur dans la troisième semaine de mars. Avec un objectif d’ores et déjà défini : rassurer les médecins avec des messages clairs et précis, et des délais fixes. « Il est temps que l’on avance rapidement », explique un généraliste qui craint cependant qu’un industriel, bien qu’il soit médecin, ne soit pas le mieux placé pour discerner les besoins et les attentes des praticiens de terrain. Un argument réfuté à maintes reprises par le nouveau directeur du GIP-DMP qui a souvent expliqué qu’en tant que médecin, il était à même de comprendre les attentes du corps médical.
« Il faut désormais que l’on traite de l’essentiel et du principal, explique encore le Dr Gilles Urbejtel. Que le DMP permettre les flux et les transmissions des examens de biologie, de radiologie, des dossiers de sortie d’hôpital du patient, toutes données qui serviront à l’amélioration de la coordination des soins. Voilà ce qu’attendent avec impatience les médecins et les patients ».
Réponse en mars.
Pour en savoir plus : www.ccomptes.fr
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