ROSELYNE BACHELOT, entourée du Pr Dominique Maraninchi de l’Institut du cancer (INCa), du Dr Emmanuelle Salines, de l’Institut de veille sanitaire (INVS), et du Pr Francis Larra, de la Ligue contre le cancer, a lancé hier la 3 e édition du mois de Mars contre le cancer colo-rectal*.
Avec plus de 37 000 nouveaux cas estimés en 2005, le cancer colo-rectal occupe la troisième place, en terme de fréquence, derrière les cancers de la prostate et du sein, et la deuxième pour la mortalité (17 000 décès), devancé par le poumon. Expérimenté dès 2002, le dépistage organisé est généralisé à l’ensemble du territoire depuis la finde2008.
Une première photographie, réalisée par l’INVS en 2007, portant sur 23 départements, faisait apparaître un taux de participation de 42 % (47 % des femmes et 40 % des hommes). Dans un cas sur deux, l’incitation du médecin était déterminante. Sur les 1,6 million de personnes de 50 à 74 ans impliquées, 2,6 % (3,2 % des hommes et 2,2 % des femmes) présentaient un test de recherche de sang dans les selles positif. Et, parmi les 87 % qui accepteront de faire une coloscopie, 13 % y renonçant par négligence, ignorance ou appréhension, 3 289 se révèleront porteurs d’une tumeur maligne, ce qui représente un taux de 2,2 pour mille sujets dépistés.
Aujourd’hui, les comportements ont évolué. Le baromètre INCa/BVA en témoigne, en rapportant que le dépistage du cancer colo-rectal est connu par 90 % des Français, contre 82 % en 2005. Pour les modalités pratiques, en revanche, les connaissances sont limtées : la tranche d’âge concernée, la fréquence du dépistage et le test Hemoccult sont ignorés par, respectivement, 54, 60 et 62 % (82 % en 2005) de la population.
Une campagne de dédramatisation.
Dans un tel contexte, le ministère de la Santé annonce une campagne de dédramatisation du dépistage du cancer colorectal, bien souvent ressenti comme anxiogène par l’opinion. L’INCA en est le maître d’uvre, épaulé par la Ligue, la Fédération des comités féminins, la Mutualité française et les 3 régimes d’assurance maladie (salariés, agriculteurs, inédépendants), et avec pour tête d’affiche le médecin traitant. Du 9 au 29 mars, les chaînes de télévision hertziennes, et la radio, du 21 mars au 7 avril, valoriseront les bénéfices du dépistage, comme elles l’ont fait en septembre-octobre derniers. « Le plus souvent dépisté à temps, un cancer colo-rectal n’est pas méchant », puisqu’on sait que dans 9 cas sur 10 diagnostiqués la guérison est possible. Ce message télévisuel sera complété par la voix des ondes, qui mettra l’accent sur les modalités pratiques du test : courrier bisannuel adressé aux 50-74 ans, visite chez le praticien qui remet un test Hemoccult et, en cas de résultat positif, coloscopie. Le 14 mars, le journal « l’Équipe » et son supplément magazine ouvriront leurs pages à des recommandations à l’adresse des hommes de 50-54 ans, les moins nombreux à se faire dépister(32 %).
Au cur du dispositif de sensibilisation se trouvent, bien entendu, les gynécologues médicaux, les gastro-entérologues et, tout particulièrement, les généralistes. Tous ont reçu, à la mi-février, un courrier de l’INCa comportant un « calendrier du dépistage des cancers colorectal et du sein, du col de l’utérus et du mélanome », une adresse Internet,www.e-cancer.fr , où trouver la conduite à tenir avec le test Hemoccult, et un matériel de communication à remettre au patient. Pour aider à sortir nombre de citoyens d’une attitude de passivité ou de résistance face au dépistage, par trop réduit chez certains à la coloscopie, les mairies, les établissements de soins, une quarantaine d’entreprises, dont La Poste et Véolia Environnement, et 3 expositions, l’une itinérante**, l’autre au ministère de la Santé, et la troisième au Sénat, sont aussi de la partie.
De même que le cancer du sein renvoie, désormais, dans les esprits à« mammographie », il faut susciter un réflexe« recherche de sang dans les selles » chez les 16 millions de Français de 50 à 74 ans quand on parle de cancer colo-rectal.
* Cette opération, étendue à une dizaine de pays dans le monde, a été lancée en 1997 par l’association américaine « National colorectal cancer round table ». Elle affiche comme emblème un « ruban bleu ».
** Un camion se rendra, à partir du 6 mars, à Laxou, Saint-Quentin, Lens, Charleville-Mézières, Sedan, Baccarrat, Vitry-sur-Seine, Champigny-sur-Marne, Pau, Bayonne, Verdun-sur-Garonne, Castelsarrasin, Montauban, Albi, Castres, Béziers, Orange, Avignon, Foix, Lille et à Paris, à l’Assemblée nationale, le 31mars.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?