LE HCSP, instance d’expertises pluridisciplinaires mise en place au printemps 2007, délivre son premier bilan d’activité, portant sur l’évaluation de recommandations et d’actions de la loi quinquennale de santé publique du 9 août 2004. Alors que la Haute Autorité de santé s’emploie à mesurer l’efficacité de telle ou telle pratique, le Haut Conseil de la santé publique a pour tâche de dire, en toute indépendance, si le chemin emprunté par telle ou telle politique de santé publique est le bon. Il se veut un aiguillon et, en lien avec les agences sanitaires, une sentinelle des risques relatifs à la santé collective.
° Le plan Cancer2003-2007
En ce qui concerne les déterminants cancérigènes du plan Cancer, la situation apparaît, « globalement, assez favorable » pour l’alcool, le tabac et la nutrition, dit au « Quotidien » le Pr Roger Salamon, président du HCSP. Les objectifs de la loi du 4 août 2004 semblent à portée de main, avec une proportion de fumeurs qui tend vers les 25 % et de fumeuses proche des 20 %. Pour les boissons alcooliques, la consommation annuelle a chuté de 14,4 l par habitant en 1999 à 12,9 l en 2006. Il s’ensuit une baisse des décès masculins par cancer des voies aérodigestives supérieures, avec un taux passé de 31,8 pour 100 000 à 27,5, une stabilisation autour de 5 pour 100 000 étant observé dans la population féminine.
La prévention nutritionnelle, dans le même temps, gagne les esprits. On compte seulement un tiers de faibles consommateurs de fruits et légumes, tandis que l’obésité et le surpoids - respectivement 16 % et 41 % des hommes et 18 %-24 % des femmes - appellent toujours à la vigilance. « Les registres du cancer mériteraient d’être plus stabilisés et renforcés, sachant que pour évaluer une démarche de prévention, nous avons besoin d’un certain recul. Il nous faudra introduire des marqueurs intermédiaires dans le plan cancer n° 2 (qui devrait être présenté à la fin du mois, NDLR) », tient à faire remarquer l’épidémiologiste bordelais. A ce prix, la baisse des cancers génitaux féminins pourra être appréciée à sa juste valeur, tout comme celle des tumeurs malignes du côlon.
° Politique vaccinale
Saisi par le ministre de la Santé, le HCSP préconise de se prémunir contre l’hépatite B et les papillomavirus (HPV). « Il faut renforcer le recours au vaccin anti-VHB », affirme le Pr Salamon. Le Haut Conseil se range à l’avis des experts, selon lequel il n’y a « pas d’association chez l’enfant entre un antécédent de vaccination contre l’hépatite B et un épisode de démyélinisation aiguë centrale ». Chaque année, 1 300 décès sont imputables au VHB.
À propos des HPV, l’accent est mis sur l’intérêt de la vaccination des jeunes filles de 13-14 ans, et sur le dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes plus âgées. « La vaccination n’offre pas une garantie absolue. Le vaccin anti-HPV ne va pas éradiquer le cancer, mais le diminuer », insiste le responsable du HCSP.
° Nanoparticules de carbone et pollution atmosphérique
Les affections causées par les nanoparticules de carbone renvoient aux troubles liés à l’amiante (mésothéliome). « Aussi, il convient de se montrer très vigilants et de rendre importante la défense des salariés (masque respiratoire, gants jetables, lunettes à protection latérale) qui travaillent dans le champ des nanoparticules de carbone » (encres d’imprimante, fabrication de raquette de tennis, etc.), note le Pr Salamon.
Enfin, il est apparu indispensable au HCSP d’agir sur la réduction de la pollution atmosphérique, intérieure et extérieure, conformément au Grenelle de l’Environnement et au 2 e plan national Santé Environnement 2009-2013.
Cette année, le Haut Conseil de la santé publique s’intéressera aux maladies professionnelles dans leur ensemble, « en recrudescence », et aux inégalités de santé, « les deux problèmes se trouvant parfois associés ».
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