LE FUTUR PLAN CANCER, qui doit couvrir la période 2009-2013, empruntera nécessairement aux recommandations faites par le Pr Jean-Pierre Grünfeld à la demande de Nicolas Sarkozy. Incontestablement « novateur », le précédent plan (2003-2007) souffrait de « carences » et de « défaillances », soulignaient en juin 2008 la Cour des comptes et le Haut Conseil de la Santé publique. Dans ses indications pour un « nouvel élan », le Pr Grünfeld n’entend pas faire table rase du passé. Il suggère de « consolider, de compléter et de développer » plusieurs acquis jugés indiscutablement positifs. En particulier, comme il l’explique au « Quotidien », lesréunions de concertations pluridisciplinaires destinées à harmoniser les décisions des professionnels de santé sur le programme du traitement à poursuivre et à amplifier. Il convient aussi d’emprunter la voie ouverte par les110 consultations oncogénétiques dans 66 villes et de l’élargir. A cela s’ajoutent des défis » à relever, insiste le néphrologue parisien.
Agir sur la démographie médicale.
« Il faut veiller à la démographie médicale», tant au regard du diagnostic que du traitement. Les radiothérapeutes, les manipulateurs en radiothérapie et les radiophysiciens doivent être plus nombreux. Les anatomopathologistes, aux effectifs également insuffisants, devraient être mieux répartis et l’accès à une plateforme de biologie moléculaire facilité.
Quant au médecin traitant - au cur des préoccupations dans le projet de loi HPST -, il devrait avoir un rôle majeur. « Il s’agit de faire un effort sur la coordination des soins (...) en remettant le généraliste au centre du suivi des patients. »
Et, bien sûr, pour aller de l’avant et réduire les incidences des tumeurs malignes, il revient à la recherche une place prépondérante, « de la recherche la plus fondamentale à la plus appliquée ». Le Pr Grünfeld insiste, entre autres, sur « une recherche translationnellle, ou de transfert » et « une recherche en santé publique ». Il lui paraît indispensable de continuer à infléchir les facteurs de la cancérogénèse, c’est-à-dire de modifier les comportements face au tabagisme ou à l’alcoolisme, par exemple. Sans oublier une recherche volontariste dans le champ du dépistage - caractérisée sur la dernière période par la détection généralisée du cancer colo-rectal - et de la prévention.
Réduire les inégalités de santé
Un autre pari à relever a trait à l’humain et au social. Car les données épidémiologiques mettent en évidence « des inégalités de santé frappantes ». Il n’est qu’à voir « le croissant nord/nord-est, ou encore la partie délimitée par la diagonale Champagne-Ardennes/Auvergne » (Atlas INSERM-INCA, décembre 2008). Les zones noires sont connues, il importe d’aller désormais au plus près des populations vulnérables (personnes âgées et handicapés) et démunies. « L’organisation même des soins constitue un paramètre déterminant » dans la lutte à mener.
Enfin, le Pr Grünfeld évoque la vie après le cancer. « Une fois la phase aiguë passée, nombre de patients et d’acteurs de santé se retrouvent désemparés. » Là encore, le médecin traitant a une fonction « de pivot, avec le concours des associations de patients ». Il faut prendre le temps de corriger les handicaps créés par les traitements et introduire une communication entre la médecine en entreprise (adaptation du poste de travail, non stigmatisation des cancéreux) et la médecine de ville. C’est à ce prix que les choses bougeront. Il appartient dorénavant à l’entourage élyséen et aux ministères concernés (Santé, Recherche, Solidarité-Travail) de bâtir le 2 e plan Cancer. « J’espère que ça se fera assez vite », dit le Pr Grünfeld .
Le président de la République, qui a reçu Jean-Pierre Grünfeld vendredi dernier, a « salué la grande qualité » du travail du néphrologue, et il s’est déclaré prêt « pour donner, sur ses bases, une nouvelle impulsion à la lutte contre le cancer ».
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