L'étude de phase 3, CLL14 a comparé, chez 432 patients, le traitement de référence chlorambucil-obinutuzumab (C-O) à l'association de ce dernier au venetoclax (V-O), premier inhibiteur de BCL2 (une protéine qui bloque l'apoptose des cellules tumorales). Ce dernier protocole a été limité à une durée d'un an.
Avec une médiane de suivi de 28 mois, le taux de survie sans progression est significativement plus élevé dans le groupe V-O : 88,2 % vs 64,1 % (HR = 0,35 ; 0,23-0,53), p < 0,001). Trois mois après l'arrêt du traitement, le taux de maladie résiduelle indétectable était significativement augmenté dans le sang (75,5 % vs 35,2 %, p < 0,001) et dans la moelle osseuse (56,9 % vs 17,1 %, p < 0,001). Enfin le taux de rémission complète est également augmenté (49,5 % vs 23,1 %, p < 0,001).
Ainsi, cette association qui permet d'éviter la chimiothérapie et qui est administrée per os, pendant une durée limitée, assure un contrôle accru et maintenu de la maladie ; un an après l'arrêt de l'essai, il y aura encore 81 % de maladie résiduelle indétectable, contre 27 % dans le groupe C-O.
Un « progrès incontestable », estime le Pr Loïc Ysebaert (Toulouse) mais qui passe par une optimisation de l'organisation des soins, du diagnostic au suivi, et, en particulier, par l'information des patients.
Du médecin traitant à l'IDE
Tout commence, rappelons-le, par le diagnostic qui incombe souvent au médecin généraliste, à partir d'une NFS demandée pour une cause diverse. Plus rarement une fatigue, des ganglions, une splénomégalie peuvent faire évoquer le diagnostic, surtout chez un homme de plus de 70 ans.
La prise en charge des formes agressives et évolutives doit être pluridisciplinaire. Ainsi le Pr Ysebaert cite l'analyse d'une étude évaluant l'ibrutinib montrant qu'un suivi infirmier régulier fait passer la survie globale à un an de 56,5 % à 80 %.
La nécessité de pluridisciplinarité s'impose encore davantage s'agissant de médicaments oraux, dispensés en ville : observance, interactions médicamenteuses, dépistage des effets secondaires…
Le rôle du patient est bien sûr essentiel, souligne le Pr Catherine Tourette-Turgis, fondatrice de l'Université des patients (Sorbonne). Or ce patient se trouve bien souvent livré à lui-même, consultant des médecins qui ne connaissent pas tous ses antécédents. Psychologiquement difficile, médicalement dangereux.
En attendant l'amélioration des réseaux de soins, des initiatives peuvent être prises : création d'une université des patients avec un diplôme en oncohématologie (« il ne suffit pas d'être un patient pour former d'autres patients »), édition d'un carnet de suivi, comme celui réalisé dans la LLC, avec le concours d'Abbvie.
Un carnet très pratique qui répond aux questions que se posent ou doivent se poser les patients : je liste mes autres traitements, j'informe les spécialistes qui me suivent, je sais qui appeler en cas d'urgence… Sans oublier, bien sûr, les rappels de base sur la maladie et le bon usage du médicament.
(1) Conférence de presse organisée par Abbvie, dans le cadre du Congrès de l’EHA (Amsterdam)
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