CHEZ LES patientes ayant un cancer du sein opérable avec envahissement ganglionnaire, la chimiothérapie adjuvante a été plusieurs fois améliorée par l’intégration des anthracyclines à des protocoles séquentiels sans résistance croisée associant le cyclophosphamide, le méthotrexate et le fluorouracile ou les taxanes. De nouvelles combinaisons avec le docetaxel et de nouvelles approches de programmation des traitements ont également été mises au point.
La chimiothérapie adjuvante fait appel au protocole TAC.
Actuellement, la chimiothérapie associe une anthracycline et un taxane, ainsi que d’autres molécules. Elle améliore la survie sans maladie et la survie globale. Le docetaxel est ainsi indiqué en association à la doxorubicine et au cyclophosphamide dans le cadre du protocole « TAC », pour Taxotere (docetaxel), adriamycine (anthracycline) et cyclophosphamide.
Sandra M. Swain et coll. (National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project, Washington Cancer Institute, Washington) ont entrepris de comparer deux modalités de protocole TAC. Le premier est séquentiel, le traitement par 4 cycles de docetaxel faisant suite à 4 cycles associant doxorubicine et cyclophosphamide. Le second protocole était simultané, et a donc comporté 4 cycles associant doxorubicine, cyclophosphamide et docetaxel. Dans un troisième groupe, enfin, les patientes ont été assignées à recevoir doxorubicine et docetaxel sans cyclophosphamide, toujours à raison de 4 cycles. Les deux objectifs principaux de ce travail ont été de déterminer si le protocole TAC simultané était associé à une amélioration de la survie globale et de la survie sans maladie, par comparaison avec le protocole TAC séquentiel, et si un protocole comportant 4 cycles associant doxorubicine et docetaxel, sans cyclophosphamide, était au moins aussi efficace que le protocole TAC séquentiel.
Par ailleurs, l’étude devait étudier le rôle de l’aménorrhée concomitante et consécutive à la chimiothérapie, associée à l’efficacité du traitement et à la qualité de vie des patientes.
L’aménorrhée chimio-induite est associée à une amélioration de la survie.
Dans cette étude de phase III, les auteurs ont inclus au total 5 351 patientes, à raison de 1 784 par groupe de traitement. La durée médiane de suivi a été de 73 mois. La survie globale est apparue meilleure dans le groupe assigné au protocole TAC séquentiel, et a atteint 83 % à huit ans, contre 79 % dans le groupe assigné à l’association doxorubicine et docetaxel, sans cyclophosphamide, cette différence étant très significative (rapport des cotes 0,83, p = 0,003). Il en est allé de même si le protocole TAC séquentiel était comparé au protocole TAC simultané, la survie globale dans ce groupe de patientes ayant été de 79 % à huit ans (rapport des cotes 0,86, p = 0,009).
La survie sans maladie a été également améliorée chez les patientes assignées au protocole TAC séquentiel, et a atteint 74 % à huit ans, alors qu’elle a été de 69 % sous doxorubicine et docetaxel, sans cyclophosphamide, le rapport des cotes pour le risque de récidive, de seconde tumeur maligne ou de décès étant de 0,80 (p = 0,0001). De même, la survie sans maladie a été moins bonne dans le groupe assigné au protocole TAC simultané, groupe dans lequel elle a été de 69 % (rapport des cotes 0,83, p = 0,001).
Par ailleurs, l’association doxorubicine et docetaxel est apparue non inférieure au protocole TAC simultané en termes de survie globale (rapport des cotes 0,96, intervalle de confiance à 95 %, 0,82-1,14).
La survie globale est enfin apparue meilleure chez les patientes dont la durée de l’aménorrhée a été de six mois ou davantage, quel que soit le groupe de traitement de l’étude auquel les patientes avaient été assignées, et indépendamment du statut des récepteurs hormonaux de leur tumeur.
Au total, dans cet essai, dans le groupe assigné au protocole TAC séquentiel, la survie sans maladie a été améliorée par comparaison avec les groupes sous traitements par doxorubicine et docetaxel sans cyclophosphamide, et sous protocole TAC simultané. La survie globale a également été meilleure dans le groupe sous protocole TAC séquentiel, par comparaison avec l’association doxorubicine et docetaxel ainsi que par comparaison avec le protocole TAC simultané. Enfin, l’aménorrhée a été associée à une amélioration de la survie, indépendamment du statut hormonal de la tumeur.
Swain SM, et coll. Longer therapy, iatrogenic amenorrhea, and survival in early breast cancer. N Engl J Med 2010 ; 362 (22) : 2053-65.
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