Ouvert depuis 2013 sur le campus Santé Innovations de Saint-Étienne, le centre Hygée est une plateforme de recherche interventionnelle sur la prévention des cancers du cancéropôle Lyon-Auvergne Rhône-Alpes (CLARA).
Il est rattaché à l’Institut de cancérologie Lucien Neuwirth. Sa méthode de prévention repose sur l'utilisation des « living labs », c'est-à-dire des laboratoires d'usage qui s'appuient sur l'expérience des individus et des patients. « Nous sommes un des seuls living labs concernant la santé en France », indique le Pr Franck Chauvin, directeur délégué du centre Hygée. « Nous mettons au point des outils avec le public et nous les évaluons en même temps que nous menons nos actions. Cette méthodologie, d'origine anglo-saxonne, permet une co-construction des programmes de prévention, afin d'être sûrs de répondre aux besoins des populations à qui l’on s'adresse », poursuit-il. L'an dernier, le centre Hygée a été labellisé par l'Association européenne des living labs (ENoLL). Il s'attache à améliorer la prévention, qu'elle soit primaire, secondaire ou tertiaire. « Notre objectif principal, c'est la réduction des inégalités de santé face à la prévention, déclare le Pr Chauvin. Jusqu'à présent nous avions en France une prévention large échelle, donc grand public. Mais on sait maintenant que dans ces cas-là, les personnes qui entendent le message de prévention et le mettent en application sont toujours les personnes les plus favorisées. Nous essayons donc de mettre en place des actions plus ciblées, selon un principe appelé "l'universalisme proportionné" : au lieu de faire la même chose pour tout le monde, on en fait davantage pour les personnes qui en ont le plus besoin. »
Améliorer les compétences en santé
Cela se traduit notamment par des actions de prévention primaire visant à améliorer le niveau de culture en santé (Health Literacy) de certains publics. « On sait qu'il est déterminant sur le comportement des individus plus tard par rapport à leur santé », souligne le Pr Chauvin. On essaie de modifier les connaissances et les compétences en santé par rapport aux facteurs de risque, aux cancers, etc. » Cette partie-là s'adresse essentiellement aux scolaires et cible essentiellement les collégiens et à moindre titre les lycéens. Des actions à destination des personnes en apprentissage sont également proposées. Concernant la prévention secondaire, le centre a beaucoup travaillé sur le dépistage en mettant en place des actions dans les zones défavorisées. « Nous nous appuyons sur des "navigateurs" issus des populations de ces quartiers, qui font de la médiation pour encourager les gens à entrer dans le système de soins », détaille le Pr Chauvin. Mis au point à New York (Harlem), ce système s'adresse à des populations défavorisées qui ont parfois des difficultés à rentrer dans un processus de dépistage, faute de connaître toutes les arcanes du système de santé. Enfin, la prévention tertiaire s'articule autour de programmes d'éducation thérapeutique du patient (ETP). « Nous en avons développé sur la fatigue et la douleur en oncologie et plus récemment, nous travaillons beaucoup sur la chimiothérapie par voie orale, car nous savons qu'elle pose des problèmes en terme d'adhésion des patients à leur traitement », développe le Pr Chauvin.
Activation du patient
L'objectif de ces séances d'ETP est que les patients « reprennent le dessus » par rapport à leur traitement. « On travaille sur un concept appelé activation du patient. Les séances se déroulent par petits groupes de 5 ou 6 patients, animées selon un protocole strict, validé scientifiquement, par des éducateurs soignants, formés aux principes d'éducation. L'idée est de faire acquérir aux patients des compétences les aidants à aborder l’épreuve de la maladie et du traitement. On travaille beaucoup sur les représentations qu'ils ont de leur maladie et de leur traitement. On leur explique par exemple comment réagir face à des effets secondaires », indique encore le Pr Chauvin. Le programme compte 4 à 5 séances d'ETP, dont le programme est, là encore, co-construit avec les patients et les professionnels de santé. « Il faut parvenir à construire des programmes alliant expérience et expertise. Pour cela, on fait des "focus groupes" de patients pour savoir quelle représentation ils ont de leur maladie, de leur traitement, puis on fait la même chose avec les soignants (médecins, infirmières) et cela nous permet de co-construire les programmes d'ETP entre savoir expérientiel des patients et savoir médical des médecins. Cela enrichit énormément le processus », pécise-t-il.
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