L’avènement des chimiothérapies administrées par voie orale – avec, en tête de file le glivec, qui est le premier traitement per os à avoir reçu une autorisation de mise sur le marché en 2001 – a « révolutionné » la prise en charge des patients atteints de cancer, soignés par simples comprimés, à domicile.
Le nombre de patients traités par voie orale a augmenté de façon importante ces dernières années et devrait continuer à progresser, puisque de plus en plus de cancers sont éligibles pour cette approche. Dans certains cas, la chimiothérapie per os est même préconisée en première intention, comme dans le cas du myélome.
Ainsi, comme dans de nombreux autres domaines, la gestion des patients atteints de cancer se transforme, avec une prise en charge davantage ambulatoire qu’hospitalière. Avec cette évolution, le rôle des professionnels de santé de ville devient central, notamment dans le suivi du traitement et la prise en charge des effets indésirables liés aux traitements anticancéreux.
Ces effets peuvent être graves et sont de nature bien différente des effets indésirables « classiques » qui accompagnent les chimiothérapies par perfusion, comme l’alopécie ou la neutropénie. « Les effets indésirables peuvent survenir en ville, précise le Dr Chantal Belorgey, directrice des recommandations, médicaments et qualité de l’expertise à l’INCa. Il y a donc un véritable enjeu de formation, d’information et d’accompagnement des professionnels de santé, qui n’ont peut-être par encore l’habitude de prendre en charge les patients traités par ce type de médicaments ».
Prévenir et savoir gérer
C’est dans ce cadre que l’INCa a pris l’initiative d’élaborer des recommandations pratiques, qui s’adressent donc principalement aux professionnels de santé de premier recours – généralistes, infirmières et pharmaciens. L’objectif est de les former aux mesures à mettre en œuvre pour prévenir certains effets indésirables, savoir les détecter précocement, gérer plus efficacement les toxicités les moins graves, éviter le recours à certaines hospitalisations, et orienter rapidement les patients nécessitant une prise en charge spécialisée en cas de toxicités plus importantes. Les propositions suggèrent également les principaux messages qui peuvent être donnés aux patients.
Le premier volet de cette collection concerne les recommandations pour la prise en charge des patients en hématologie, sous traitement ciblant BCR-ABL (imatinib, dasatinib, nilotinib, bosutinub, ponatinib), JAK (ruxolitinib), ou des immunomodulateurs (thalidomide, lénalidomide, pomalidomide). Il s’agit de la plus importante proportion des patients sous chimiothérapie orale, d’après le Dr Belorgey.
D’ici la fin de l’année, des recommandations concernant la gestion des effets secondaires liés aux traitements oraux contre le cancer du poumon et le cancer de la peau devraient également être publiées. D’ici le deuxième trimestre 2016, des recommandations pour la gestion des patients atteints de cancers du rein et de la prostate. Le dernier volet concernera les cancers du sein et du système digestif.
Document complémentaire
Le Dr Belorgey précise que ces recommandations ne remplacent pas les résumés des caractéristiques du produit (RCP) des différentes molécules. La liste des effets indésirables qui y sont mentionnés n’est pas exhaustive. Il s’agit en effet de cibler ceux qui peuvent être prévenus, ou pour lesquels une prise en charge spécifique peut être proposée. La fréquence et le niveau de gravité ont également pesé dans le choix des effets indésirables abordés. « La majorité des effets indésirables graves sont mentionnés et, clairement, ces documents doivent être lus en complément des documents disponibles dans la base de donnée publique des médicaments du Ministère de la santé », précise le Dr Belorgey.
Ces recommandations sont consultables en ligne et téléchargeables à partir du site de l’INCa.
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