La survie des survivants des cancers pédiatriques s'est allongée depuis les années 1970, mais leur qualité de vie n'a que peu évolué, selon une étude publiée sur le site des « Annals of Internal Medicine ». Le Dr Kirsten Ness, de l'hôpital St jude, et ses collègues ne s'attendaient pas à un tel résultat. Ils ont en effet constaté que la survie s'était considérablement améliorée entre les années 1970 et 1990, jusqu'à atteindre 80 % de survie à 5 ans selon les données de l'Institut national américain du cancer. Dans le même temps, des efforts conséquents ont été consentis pour réduire la toxicité des traitements, avec un recours de plus en plus large à la protonthérapie afin de réduire les dommages liés à l'irradiation. Dans le même temps, un article paru dans « Circulation » pointe plus précisément le risque cardiovasculaire des survivants de cancers pédiatriques.
Deux tiers d'effets à long terme
Pourtant, les travaux menés sur 14 500 adultes de 18 à 48 ans ayant survécu au moins 5 ans après un diagnostic de cancer établi pendant leur enfance ou leur adolescence ne laissent pas de place au doute : environ 2 tiers des survivants affirment avoir souffert d'au moins un effet à long terme de leur pathologie.
Les cancers des adultes inclus dans l'étude ont été diagnostiqués entre 1970 et 1999. La proportion de patients signalant souffrir d'affections chroniques sévères à même de menacer leur pronostic vital est passée de 33 % pour les survivants de cancers diagnostiqués entre 1970 et 1979 à 21 % pour les patients dont le cancer a été diagnostiqué entre 1990 et 1999. Une baisse loin d'être uniforme, puisqu'on a assisté à une augmentation des douleurs chroniques chez les survivants de leucémie ou d'ostéosarcomes (37 % contre 24 %). Par ailleurs, l'anxiété est également plus largement répandue chez les enfants diagnostiqués dans les années 1990.
Des données « surprenantes » et « décevantes »
« Ces données sont surprenantes, commente le Dr Ness, nous nous attendions à ce que les patients traités plus récemment souffrent de moins de problèmes de santé, une fois arrivés à l'âge adulte. Il est possible que cette tendance soit due au fait que l'on a désormais d'avantage de patients ayant survécu à des cancers plus agressifs, et plus susceptibles d'avoir des conséquences à long terme. » Pour le Pr Pam Grabis, coordinatrice du programme « beyond the cure » de la société américaine des cancers de l'enfant, ces résultats sont « décevants » et estime qu'il « faut maintenant développer les outils dont les survivants ont besoin pour prendre en charge leur santé ». L'Institut national américain du cancer estime à 15,5 millions le nombre de survivants du cancer aux États-Unis.
Un risque de maladie cardiovasculaire multiplié par 4
Dans un autre article publié cette fois dans la revue « Circulation », l'équipe du Pr Mike Hawkins, de l'université de Birmingham, au Royaume-Uni, a calculé que le risque de décès cardiovasculaire des survivants du cancer dépend de l'âge du diagnostic. En l'occurrence, les auteurs ont calculé que les survivants dont le cancer a été diagnostiqué avant 20 ans ont un risque de décès cardiovasculaire multiplié par 4 par rapport à la population générale, alors que ce risque n'est multiplié que par 1,2 chez les patients diagnostiqués entre 35 et 39 ans.
Pour cette étude, l'analyse a porté sur les données de plus de 200 000 patients britanniques ayant survécu au moins 5 ans après leur diagnostic. Les auteurs précisent que 6 % des décès survenus chez ces patients étaient d'origine cardiovasculaire. Les survivants de lymphome de Hodgkin et de cancer du sein constituent deux autres catégories de patients à fort risque de décès cardiovasculaire. D'ailleurs, 7 % des survivants de lymphomes de Hodgkin pédiatriques sont morts d'une pathologie cardiovasculaire avant l'âge de 55 ans, contre 2 % de ceux qui ont été diagnostiqués après 30 ans, et 1 % de la population générale.
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