Quatre cancers sur 10 et 35 % des décès par cancer seraient évitables. Ces deux seuls chiffres en disent long sur l’urgence d’une prise de conscience collective sur le poids des facteurs de risque (FDR) liés aux modes de vie et aux comportements dans la survenue des cancers.
C’est ce « levier essentiel pour lutter contre les cancers » que veut actionner l’Institut national du cancer (INCa) dans sa dernière campagne d’information et de sensibilisation à visée grand public, notamment à l’aide d’un test en ligne « ludique et personnalisé » intitulé « 3 minutes pour faire le point ».
Les 9 facteurs de risque
Si les 9 FDR connus listés par l’INCa ne surprendront personne, - tabac, alcool, alimentation, expositions professionnelles, infections (virus HPV et VHB), manque d’exercice physique, surpoids, exposition aux UV, pollution de l’air intérieur et extérieur -, le niveau de perception des risques de cancer n’est souvent pas proportionnel à leur impact réel.
À lui seul responsable de 30 % des décès par cancers, soit 47 000 décès chaque année, et avec 17 localisations différentes, le tabac est le premier facteur de risque loin devant tous les autres, et pour longtemps. L’alcool, souvent méconnu, est le 2e FDR évitable, responsable de 9,5&% des décès par cancer, avec un risque augmentant de manière linéaire et sans effet de seuil. La campagne met en perspective le poids écrasant de ces deux FDR majeurs.
La vérité scientifique sur 10 aliments
Un travail d’analyse scientifique a également été réalisé sur nutrition et cancers par l’INCa et le Réseau national alimentation cancer recherche (NACRe), intitulé « Nutrition et prévention primaire des cancers ».
Dix aliments ont été passés au crible, certains considérés à risque, les autres protecteurs : les fruits et les légumes, les viandes rouges et charcuteries, les produits laitiers, les fibres alimentaires, le sel et aliments salés, les boissons alcoolisées, les compléments alimentaires à base de bêtacarotène, l’activité physique, le surpoids et l’obésité, et l’allaitement.
Un tableau récapitule le niveau de preuve (« convaincant », « probable », « suggéré », « non concluant ») pour chaque type d’aliment en fonction de 28 cancers différents. Il en ressort des objectifs prioritaires pour la prévention des cancers : réduire la consommation d’alcool (cancers des voies aérodigestives supérieures, côlon-rectum, sein), avoir une alimentation équilibrée et diversifiée, faisant la part belle aux fruits et aux légumes (cancers digestifs), aux fibres alimentaires (cancers digestifs et sein) et aux produits laitiers (côlon rectum, sein), et limitant la consommation de viande rouge et de charcuteries (côlon-rectum) et de compléments alimentaires à base de bêtacarotène, en particulier chez les fumeurs et les exposés à l’amiante (poumon, estomac). Une activité physique permet de lutter contre les cancers du côlon, du sein, de l’endomètre et du poumon. Le surpoids est un facteur de risque de nombreux cancers (œsophage, côlon-rectum, pancréas, foie, rein, sein après la ménopause, endomètre, ovaire, prostate et hémopathies malignes).
Tempête médiatique autour de la viande rouge et du risque de cancer colorectal
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de Lyon, qui fait partie de l’OMS, a publié dans le « Lancet Oncology » (en ligne le 26 octobre 2015) une évaluation sur la consommation de viande rouge et de produits carnés transformés. Les conclusions tirées par un groupe de 22 experts de 10 pays différents classent la viande rouge (bœuf, veau, porc, agneau, mouton, cheval, chèvre) comme cancérogène probable (groupe 2A) et la viande transformée (viande transformée par salaison, maturation, fermentation, fumaison, etc.) comme cancérogène (groupe 1).
Les cancers concernés sont essentiellement le cancer colorectal pour la viande rouge et transformée. À un bien moindre degré, des données existent sur le cancer du pancréas et de la prostate pour la viande rouge, et d’autres plus faibles encore pour le cancer de l’estomac pour la viande transformée. Pour ce travail, près de 800 études épidémiologiques ont été prises en compte, réalisées « dans plusieurs pays, de continents différents, avec des origines ethniques et des régimes alimentaires variés ».
Selon une analyse des données de 10 études, « chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18 % environ », détaille le CIRC.
Suite au déferlement médiatique, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement (Anses) et l’INCa ont réagi en rappelant, et en maintenant, les recommandations actuelles, « 500 g de viande au plus par semaine » en diversifiant les sources de protéines avec les œufs, la volaille et les poissons. La brochure grand public disponible sur le site de l’Inca comporte de nombreux conseils clefs et un test simple permet de personnaliser les conseils.
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