La bithérapie vénétoclax-rituximab fait ses preuves à long terme dans la leucémie lymphoïde chronique (LLC). Le vénétoclax (Venclyxto) développé par le laboratoire AbbVie est un inhibiteur ciblant la protéine antiapoptotique de BCL-2 (B-cell lymphoma 2).
À l'occasion du congrès de la Société américaine d'hématologie (ASH) (1), le Pr John Seymour, directeur du département d'hématologie du centre australien de cancérologie Peter MacCallum, a présenté les dernières données de l'étude Murano.
Cet essai de phase 3 évalue l'efficacité de l'association vénétoclax-rituximab, comparée à celle de l'association de référence rituximab+bendamustine dans le traitement de la LLC en rechute ou réfractaire.
Une mortalité réduite de moitié
L'essai a inclus 194 patients ayant une LLC traités pendant une durée fixe de deux ans par vénétoclax et rituximab, comparés à un groupe équivalent traité par rituximab et bendamustine. Les données présentées au congrès de l'ASH, concernent les 130 premiers patients des deux groupes à avoir complété leurs deux ans de traitement.
Le risque de décès était diminué de 59 % chez les patients du groupe vénétoclax. Ces données restent néanmoins provisoires : au bout de 48 mois de suivi médian, la médiane de survie n'était atteinte dans aucun des deux bras de traitement. Néanmoins, à cette date, 57,3 % des patients traités par l'association vénétoclax-rituximab étaient toujours en survie sans progression, contre 4,6 % dans le bras prenant le traitement de référence.
En analysant plus particulièrement les 64 % de patients n'ayant pas de maladie résiduelle minime (définie par un taux de cellules cancéreuses inférieur à 1/100 000 lymphocytes) à la fin de leurs deux ans de traitement, les auteurs constatent que 87 % d'entre eux sont toujours en rémission, deux ans après l'arrêt du traitement.
Absence de résistance, des molécules réutilisables
Cette durée fixe de traitement de deux ans est une particularité de la stratégie combinant la thérapie ciblée d'Abbvie et le rituximab. Les données des études montrent que stopper le traitement au bout de cette période fixe, ne réduit pas son efficacité. « Cela présente non seulement un intérêt pour la Sécurité sociale, mais aussi pour le traitement des patients qui rechutent : on n'observe pas de résistance se développer aux deux lignes de thérapies ciblées qui restent utilisables par la suite », précise le Dr Sylvain Choquet, du service d'hématologie clinique de la Pitié-Salepétrière (AP-HP).
Le vénétoclax est actuellement évalué en tant que traitement de première ligne dans la leucémie aiguë myéloïde (essai VIALE-A), et chez les patients en rechute ou réfractaire dans les indications du lymphome et du myélome multiple (essais SYMPATICO et CANOVA).
On compte 4 400 nouveaux cas de leucémie lymphoïde chronique chaque année en France où elle représente la moitié de l'ensemble des leucémies. D'évolution lente, elle est considérée comme une maladie chronique qui ne nécessite pas de traitement dans 30 % des cas.
Dans son avis de septembre 2019, la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé rapporte que « la mise à disposition récente des inhibiteurs du récepteur antigénique des cellules B ainsi que du vénétoclax (inhibiteur de BCL-2) a permis une meilleure couverture du besoin chez les patients en rechute ou réfractaires ». L'absence de données comparatives s'explique par « le développement concomitant avec les inhibiteurs du récepteur antigénique des cellules B », est-il indiqué. Les comparateurs cliniquement pertinents du vénétoclax en association au rituximab sont aujourd'hui « les inhibiteurs du récepteur antigénique des cellules B (ibrutinib et idelalisib), le vénétoclax en monothérapie et l’alemtuzumab ».
Pour le Dr Choquet, l'émergence des thérapies ciblées dans cette indication va « faire disparaître les chimiothérapies classiques. Chez une personne en bon état de santé général, on ne va plus prescrire que des associations », prédit-il.
(1) 61 e congrès de l'ASH, du 7 au 10 décembre 2019, à Boston
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