Comment le progrès modifie-t-il les pratiques et l’organisation même du système de santé ? Les professionnels ont-ils les moyens de s’approprier les innovations ? À quel rythme ? Quel est impact de la chronicité des pathologies sur l’hôpital, segmenté en services et encore défini par son nombre de lits ?
Ces questions ont fait l’objet de débats nourris lors d’un colloque, à Paris, sous la houlette du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie (HCAAM) et de France Stratégie. « Il y a 50 ans, un Français sur trois mourait d’un infarctus du myocarde. Ils sont moins de 5 % aujourd’hui », expose le Pr Nicolas Danchin, cardiologue à Georges-Pompidou (Paris, AP-HP). La création d’unités de soins intensifs, la finesse des nouveaux traitements au stade aigu de l’infarctus ou encore les campagnes de sensibilisation (« Si vous avez une douleur dans la poitrine, faites le 15 ») ont permis ce progrès, juge le spécialiste.
La cancérologie vit elle aussi sa révolution. « Le cancer devient une maladie chronique, résume le Pr Josy Reiffers, président d’Unicancer (20 centres de lutte). Les structures seront bientôt des lieux où l’on passe, et non où l’on reste ». Encouragé par le ministère de la Santé, l’ambulatoire se développe à petits pas en cancérologie. Pour 2020, Unicancer cible un taux d’ambulatoire de 50 % pour la chirurgie du cancer du sein (12 % aujourd’hui).
L’adaptation des pratiques impose un dépoussiérage, voire une réforme de la formation. Le suivi des chimiothérapies à domicile (3 % aujourd’hui), amené à se développer avec l’essor des traitements oraux et des thérapies ciblées, devrait revenir en partie aux généralistes. « Dans six ans, les centres de lutte contre le cancer seront délestés de 11 % de places en chimio. Le déploiement de l’oncologie médicale libérale est capital », assure le Pr Reiffers. En 2014, seuls 170 de ces spécialistes exercent en ville.
La prochaine loi de santé de Marisol Touraine prévoit la création de nouveaux métiers comme l’infirmier clinicien. De nouvelles compétences autour de l’anatomopathologie, l’oncogénétique et la bio-informatique devraient rapidement émerger. L’enjeu sera aussi d’accompagner ces évolutions par la création de nouveaux tarifs incitatifs.
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