LE CANCER COLO-RECTAL reste une maladie grave, malgré les progrès importants de sa prise en charge. Il est aussi l’un des cancers les plus fréquents avec ceux du sein, de la prostate et du poumon. Selon les données publiées aujourd’hui dans le « BEH » (n°2-3), 37 413 cas ont été diagnostiqués en 2005, une incidence restée stable depuis 1980 et qui le situe au 3 e rang des cancers. Toutefois, pour le nombre de décès - près de 17 000, soit 11,6 % de l’ensemble des morts par cancer - il est au 2 e rang. La survie relative à cinq ans standardisée pour l’âge est de 56 % chez l’homme et de 58 % chez la femme, les cas les plus récemment diagnostiqués ayant un meilleur pronostic. Un taux de survie plus élevé que la moyenne européenne (50 %), qui place la France parmi les meilleurs, avec les Pays-Bas, la Suisse, la Suède et l’Autriche.
Si on en guérit aujourd’hui près d’un cancer sur deux, il est encore possible d’améliorer la morbidité et la mortalité, à long terme grâce aux actions de prévention primaire dans le cadre du programme national Nutrition Santé (PNNS) et à court terme grâce à un diagnostic précoce. Trois études contrôlées ont montré que la mortalité par cancer colo-rectal était diminuée de 15 à 20 % lorsqu’un test de recherche d’un saignement occulte dans les selles était réalisé tous les deux ans chez les individus des deux sexes âgés de 50 à 74 ans. La mise en place du dépistage recommandée par la Commission européenne depuis 2000 a suscité en France une certaine résistance avant d’être expérimentée dans 23 départements en 2003. Sa généralisation à tout le territoire, décidée en 2005, devrait être effective en 2009 dans les 98 départements pour une population cible de 16 millions de personnes.
Le rôle du généraliste.
Le dispositif s’appuie sur un pilotage national (ministère de la Santé, direction générale de la Santé, Institut national du cancer), une coordination régionale assurée par les groupements régionaux de santé publique et, au niveau local, sur les structures de gestion (SG) départementales, instance opérationnelle qui assure l’organisation et la promotion des dépistages organisés des cancers du sein, colorectal et dans certains départements (4), des cancers du col de l’utérus. Après celui du cancer du sein, le dépistage du cancer colo-rectal est en effet le deuxième programme national de dépistage organisé mis en place en France.
Les SG assurent par ailleurs la formation des médecins généralistes, dont le rôle est essentiel pour la qualité et l’efficacité du dispositif. C’est le médecin qui remet le test ou exclut son patient du programme pour l’orienter vers une procédure plus adaptée, en fonction de ses antécédents, de la présence de symptômes d’alerte et d’éventuelles explorations coliques déjà réalisées. Il est aussi le plus à même de convaincre ses patients de réaliser le test. L’expérience des départements pilotes montre que 85 % des tests remis par eux sont réalisés (versus 15 % en cas d’envoi postal direct). En plus des explications pratiques et des conseils sur les modalités de réalisation, ce qui limite le nombre de tests ininterprétables, il a la charge, en cas de test positif, d’expliquer qu’une coloscopie est nécessaire. De même, il est en première ligne pour gérer les situations difficiles : faux négatifs, cancers d’intervalle (survenant en dépit d’un test négatif entre deux dépistages), faux positifs conduisant à la réalisation d’une coloscopie sans découverte de lésion.
Une évaluation du dispositif a été réalisée en 2006 et une mise à jour en novembre 2007 dans 22 des 23 départements pilotes. Le taux de participation était de 42 %, avec un pourcentage de tests positifs de 2,6 %. Un cancer a été détecté chez 3 289 personnes et un adénome chez 10 884, respectivement 2,2 % et 7,8 %. Ainsi, 9 coloscopies sur 100 ont permis de détecter un cancer colo-rectal, un pourcentage qui varie de 6,5 à 16,6 % selon les départements. « Le pourcentage de réalisation de la coloscopie en cas de test positif est certes supérieur aux chiffres italiens (83 %) ou anglais (82,8 %), mas l’augmenter reste un objectif d’autant plus important qu’une coloscopie sur deux pour les hommes et une sur trois pour les femmes permet de détecter des lésions », insistent Hélène Goulard, Marjorie Boussac-Zarebska et Juliette Bloch. L’arrivée des tests immunologiques à lecture automatisée, plus sensibles et plus spécifiques que le test au gaïac, devrait améliorer l’adhésion des médecins et des patients pour un coût raisonnable du dépistage. Leur utilisation fait l’objet d’une évaluation par l’InCA.
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