Que l’exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquences soit proche (téléphone portable) ou lointaine (antenne), qu’elle soit professionnelle ou pas, elle ne s’accompagne pas d’une hausse de l’incidence de certains néoplasmes « critiques » du système nerveux central (cerveau, méninges, hypophyse, nerf acoustique), des tumeurs des glandes salivaires ou des tumeurs cérébrales et leucémies, conclut une méta-analyse commandée et en partie financée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Classés en mai 2011 par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) comme potentiellement cancérogènes pour l'homme (ou classe 2B, une catégorie utilisée quand un lien potentiel ne peut être exclu), les champs électromagnétiques, émis aussi bien par les téléphones portables que les télévisions, les babyphones ou les radars, sont régulièrement suspectés d’effets nocifs. L'OMS a ainsi appelé à davantage de recherches.
La méta-analyse, publiée dans Environment International, n’est que le premier volet d’une vaste revue systématique de la littérature (dont le protocole méthodologique est publié indépendamment) visant à évaluer la solidité des preuves d’une association entre l’exposition aux ondes et le risque de maladies néoplasiques parmi les plus étudiées.
Une exposition multiforme
Les auteurs ont inclus des études de cohorte et des études cas-témoins sur les risques de néoplasie liés à trois types d’exposition aux ondes : exposition en champ proche, localisée à la tête, due à l’utilisation d’un téléphone sans fil ; exposition en champ lointain, corps entier, environnementale due à des émetteurs fixes ; expositions professionnelles en champ proche/lointain dues à l’utilisation d’émetteurs-récepteurs portatifs ou d’équipements émettant des radiofréquences sur le lieu de travail. Au final, 63 études publiées entre 1994 et 2022, avec des participants de 22 pays, ont été retenues. Aucune n'était classée comme à risque élevé de biais.
Il en ressort que l’utilisation régulière d’un téléphone portable, quelles que soient la durée et la fréquence des usages, n’augmente pas le risque de gliome (méta-estimation du risque relatif [mRR] = 1,01), de méningiome (mRR = 0,92), de neurinome de l’acoustique (mRR = 1,03), de tumeurs hypophysaires (mRR = 0,81), de tumeurs des glandes salivaires (mRR = 0,91), ou de tumeurs cérébrales pédiatriques (enfants, adolescents et jeunes adultes) (mRR = 1,06). Les résultats étaient similaires pour l’utilisation d’un téléphone fixe sans fil.
Des données encore manquantes
L'exposition aux émetteurs fixes, telles que les antennes de radiodiffusion, n'était par ailleurs pas associée aux risques de leucémie infantile ou de tumeur cérébrale pédiatrique, indépendamment du niveau d'exposition. « En raison du petit nombre d'études », les données sur l'exposition environnementale et le risque de tumeurs cérébrales pédiatriques sont à interpréter avec prudence, notent les auteurs. Sur les effets d’une exposition des adultes, aucune étude n'était en revanche éligible à l'inclusion, est-il indiqué.
Concernant l’exposition professionnelle, aucune différence n'a été détectée avec les populations non exposées. Là encore, les auteurs invitent à des « précautions d'interprétation », « en raison des différences dans les sources d'exposition et les paramètres entre les quelques études incluses. »
Les autres types de cancer seront présentés séparément. Mais d’ores et déjà, les auteurs appellent à une réévaluation rapide de la classification du CIRC. Une évaluation de l'OMS devrait être publiée au premier trimestre de l'année prochaine.
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