Soucieux de réduire le nombre d'actes inutiles et d'harmoniser les pratiques médicales, l'assurance-maladie (CNAM) et le ministère de la Santé ont examiné à la loupe onze actes chirurgicaux dans le cadre d'un atlas national publié ce jeudi.
Ce panorama édifiant porte sur des opérations courantes en 2014 : fracture de hanche, amygdalectomie, appendicectomie, césarienne, chirurgie bariatrique, tumeur bénigne de la prostate, syndrome du canal carpien, cholécystectomie, hystérectomie, prothèse du genou et thyroïdectomie.
Les données illustrent une très grande disparité sur la fréquence des pratiques d'un département à l'autre. L'opération qui enregistre le plus gros écart est celle du syndrome du canal carpien, chirurgie très répandue (144 000 séjours en 2014). Le taux national d'hospitalisation varie de 66 pour 100 000 habitants dans le département de la Réunion à 386 dans celui de la Meuse.
[]Autre exemple des écarts de pratiques : en France, près d'une femme sur cinq donne naissance par césarienne mais le taux varie de 12,9 % en Guadeloupe à 25 % en Haute-Corse. En Guyane, dans les Alpes de Haute-Provence, en Lozère et en Haute-Corse, on compte plus de 23 séjours pour 100 naissances. À l’inverse, l'Yonne, le Loir-et-Cher, le Doubs, la Guadeloupe, le Jura et la Haute-Saône enregistrent des taux inférieurs à moins de 15 pour 100 naissances.
[]Dans un autre registre, on observe quatre fois plus de chirurgie de l'appendicite dans la Nièvre (169 séjours pour 100 000 habitants) qu'en Martinique (41 séjours). La fréquence des opérations de la thyroïde varie du simple au double entre l'Indre et le Nord… L'atlas constate par ailleurs que les chirurgiens opèrent proportionnellement deux fois de la prostate en Savoie (323 pour 100 000 habitants) que dans l'Ariège (145) dans l'Ariège.
« Il n'y a pas de différences marquées concernant la pertinence du geste chirurgical selon le statut public ou privé de l'établissement, souligne Mathilde Lignot-Leloup, directrice déléguée à la gestion et à l'organisation des soins à la CNAM. L'enjeu porte plus sur le niveau de connaissances des bonnes pratiques par les professionnels de santé. » Les auteurs du panorama n'ont pas plus inclus pour l'instant dans l'analyse la taille de chaque établissement ni le nombre de lits.
À destination des patients, des établissements et des professionnels de santé, ce document est une première photographie qui appellera une analyse plus fournie. Les raisons qui expliquent de telles variations de pratiques sont multifactorielles, relève déjà la direction générale de l’offre de soins (DGOS). Les besoins spécifiques, l'organisation de l'offre ou encore la démographie médicale sont à prendre en compte. « Notre ambition est d'interpeller les professionnels de santé pour qu'ils parviennent à se situer dans leur propre pratique au regard d'un territoire », précise Anne-Marie Armanteras-de Saxcé, patronne de la DGOS.
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