D’après une étude publiée ce mardi 13 octobre dans la revue « Nature Communications », l’anticancéreux tamoxifène – utilisé notamment dans le traitement des cancers du sein – semble capable, dans des expériences précliniques, d’aider les leucocytes à éliminer des bactéries dites multirésistantes aux antibiotiques.
Dans leurs expériences in vitro, les chercheurs de l’université de Californie, à San Diego, ont montré que l’anticancéreux booste l’activité de reconnaissance des leucocytes, ainsi que leur capacité à piéger puis à éliminer les pathogènes. Dans leurs travaux chez la souris, un traitement par tamoxifène aurait amélioré la capacité des rongeurs à combattre une infection par staphylocoques dorés résistant à la méthicilline (SARM), réduisant ainsi leur mortalité.
Explorer l’armoire à pharmacie
« Avec la menace que représente la résistance croissance des bactéries aux antibiotiques, et avec le peu de nouveaux antibiotiques à l’horizon, il est temps d’ouvrir l’armoire à pharmacie et explorer plus près les molécules déjà disponibles sur le marché, qui sont tolérées par les patients, pour identifier de potentielles propriétés anti-infectieuses, explique l’auteur senior, le Pr Victor Nizet, dans un communiqué diffusé par l’université. Et nous avons justement découvert que le tamoxifène a des propriétés pharmacologiques qui pourraient aider le système immunitaire à combattre les infections, dans le cas où le patient est immunodéprimé, ou lorsque les antibiotiques traditionnels ont échoué. »
Mis à part son action bien connue sur les récepteurs à œstrogènes, le tamoxifène agit également sur d’autres voies cellulaires, influençant par exemple la synthèse de lipides complexes. Parmi ces derniers, le céramide, qui joue un rôle dans la régulation de l’activité des polynucléaires neutrophiles, ces phagocytes capables d’avaler et de digérer les corps étrangers à l’organisme.
Les auteurs ont donc cherché à savoir si un traitement par tamoxifène pourrait améliorer la réaction immunitaire face à une infection.
L’action des neutrophiles renforcée
Dans leurs expériences in vitro, des neutrophiles humains traités par tamoxifènes se sont révélés plus mobiles pour atteindre des bactéries et les phagocyter que des neutrophiles non-traités. Ils produisaient également trois fois plus de peptides antimicrobiens, d’enzymes et autres protéines antibactériennes, notent les auteurs. Dans leurs expériences in vivo, des souris infectées par SARM ont été traitées par tamoxifène, ou par placebo, 1 heure et 8 heures après l’infection, puis suivies pendant 5 jours. Leurs résultats montrent que les souris traitées par l’anticancéreux étaient davantage protégées. Les souris sous placebo n’ont pas survécu plus d’un jour à l’infection, alors qu’environ 35 % des souris sous tamoxifène ont survécu 5 jours. Le fluide péritonéal des souris traitées contenait également cinq fois moins de SARM que celui des souris contrôle.
Si ces résultats précliniques sont encourageants, les auteurs restent prudents, notant que certaines bactéries ont déjà notamment développé des systèmes de défense contre les neutrophiles.
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