Les Français sont globalement en bonne santé par rapport aux pays de niveau de richesse similaire, et a fortiori en regard de la population mondiale, résume le rapport 2017 consacré à « l'état de santé de la population en France », publié par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, pour la première fois en collaboration avec Santé Publique France.
L'espérance de vie est de 85 ans pour les femmes (+ 1,2 an en 10 ans) et de 78,9 ans pour les hommes (+ 2,2 ans). La réduction significative de la mortalité globale se poursuit (les taux sont passés sous les moyennes européennes en 2014, avec 11,4 pour 1000 habitants chez les hommes - pour une moyenne de 12,7 - et 6,7 pour les femmes - vs 8,4), tout comme la baisse de la mortalité prématurée (avant 65 ans). Celle-ci est particulièrement visible chez les hommes qu'elle touche prioritairement (- 23 % entre 2000 et 2013, contre 15 % pour les femmes). Elle demeure néanmoins importante, représentant un décès sur cinq.
La survie pour la plupart des cancers (première cause de mortalité depuis 2004, à l'origine de 27,6 % des décès) progresse chez les adultes (mortalité en baisse de -1,5 % par an pour les hommes entre 1980 et 2012 et -1 % pour les femmes). Le constat est similaire pour les maladies cardiovasculaires (deuxième cause de mortalité, 25 % des décès) avec une diminution de la mortalité de 37 % entre 2000 et 2013 pour l'AVC, de 44 % chez les hommes et 49 % chez les femmes pour les cardiopathies ischémiques, et de 36 % pour les insuffisances cardiaques.
Le taux de mortalité lié au suicide a diminué de 22 % entre 2000 et 2013.
30 % des décès avant 65 ans évitables
Néanmoins, plusieurs bémols assombrissent le tableau, à commencer par l'augmentation de la prévalence des maladies chroniques. Les causes : vieillissement de la population et accroissement de l'espérance de vie, mais aussi, sur le versant optimiste, progrès dans le diagnostic et l'imagerie, et du côté pessimiste, surdiagnostic, sédentarité, surpoids et obésité, tabagisme, inégalités sociales. L'incidence des cancers est de 362 pour 100 000 hommes par an (en diminution, tirée par la baisse de l'incidence du cancer de la prostate), en 2015, en métropole, et de 273 pour la femme (stagnation, comme pour l'incidence du cancer du sein).
La prévalence du diabète traité pharmacologiquement atteint 4,7 % en 2013, soit 3 millions de personnes ; l'incidence de l'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) augmente de 2 % par an depuis 2011.
Cancer du poumon en hausse chez les femmes
Par ailleurs la réduction de la mortalité prématurée, prématurée évitable, ou encore liée au tabac, aux cardiopathies ischémiques, et BPCO, marque un coup d'arrêt chez les femmes, chez qui le cancer du poumon progresse par ailleurs, souligne le rapport. En cause, le tabagisme, avec près de 30 % de femmes fumeuses régulières, en hausse depuis 1974, à l'inverse des hommes (de 59 % à 39 %). La mortalité associée au tabac a augmenté chez elles de 38 % depuis 2000, tandis qu'elle a diminué de 27 % chez les hommes.
Globalement, 30 % des décès prématurés pourraient être évités en réduisant les comportements à risque. Santé publique France et la DREES soulignent l'importance d'identifier les déterminants de santé cruciaux : la proportion de fumeurs quotidiens demeure trop importante, comme la consommation quotidienne d'alcool (2,6 verres par jour, si l'on regarde les achats, hausse du binge drinking), le surpoids touche la moitié des adultes (un sur six souffre d'obésité), le travail porte son lot de pénibilité, risques, et agents cancérogènes.
Inégalités sociales et territoriales
Enfin, le rapport illustre longuement la persistance du gradient social de santé, avec des classes favorisées qui bénéficient d'un meilleur état de santé, d'une plus grande capacité d'appropriation des messages de prévention, et d'un accès plus fluide au système de santé. Ce gradient est lisible lorsqu'on regarde la mortalité (avec des écarts d'espérance de vie à 35 ans de 6 ans pour les hommes, de 3 ans pour les femmes), la nutrition, l'activité physique, le tabac, le report des soins…
Les disparités territoriales de santé ne se réduisent pas non plus, avec un gouffre entre métropole et DROM, mais aussi entre régions métropolitaines (76,9 ans d'espérance de vie dans les Hauts-de-France, vs 80,8 en Ile-de-France pour les hommes).
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