Comment mieux prédire le risque de second cancer chez les survivants d’un cancer pédiatrique ? Des chercheurs de l’Institut national du cancer américain (NCI) ont mesuré l’impact de la prédisposition génétique chez 11 220 survivants d’un cancer dans l’enfance issus de deux grandes cohortes américaines (Childhood Cancer Survivor Study et St Jude Lifetime Cohort). Les résultats sont publiés dans Nature Medicine.
« L’objectif à l’avenir est de pouvoir incorporer la génétique avec les expositions au traitement et à d’autres facteurs de risque pour avoir une description plus complète du risque de second cancer afin de guider les soins lors du suivi à long terme », explique Todd Gibson, l’investigateur principal de l’étude dans un communiqué du NCI.
Pour ce travail, les auteurs ont utilisé un score polygénique spécifique du cancer mis au point à partir d’études d'association génétique à grande échelle (Gwas) menées dans de grandes populations de sujets sains. Des centaines de variants fréquents y sont associées au risque de cancer, mais avec un risque faible pour chacun pris isolément. Les grouper dans un score permet d’avoir une meilleure estimation du risque individuel. La valeur prédictive s’est révélée prometteuse en population générale, mais encore non déterminée chez les survivants de cancer pédiatrique.
Le score polygénique toujours valable
L’équipe montre que le score polygénique dérivé de la population générale reste associé, chez les survivants de cancer pédiatrique, à un risque augmenté de carcinome basocellulaire (OR = 1,37, IC à 95 % = 1,29-1,46), de cancer du sein (OR = 1,42, 1,27-1,58), de cancer de la thyroïde (OR = 1,48, 1,31-1,67), de carcinome épidermoïde (OR = 1,20, 1,00-1,44) et de mélanome (OR = 1,60, 1,31-1,96). Seule exception, le cancer colorectal dont l’association avec le score polygénique n’a pas été observée dans la population d’étude.
Une analyse combinant score polygénique et radiothérapie met en évidence, pour trois cancers fortement associés à la radiothérapie (carcinome basocellulaire, cancer du sein, cancer de la thyroïde), que l’augmentation du risque est plus importante que la somme du risque propre à chacun. Par exemple pour le carcinome basocellulaire, un score polygénique élevé était associé à un risque 2,7 fois plus élevé par rapport à un score faible et un antécédent d’exposition de la peau élevée à la radiothérapie à un risque multiplié par 12, par rapport à une exposition faible aux rayons. Mais, les personnes avec des scores polygéniques élevés et une forte exposition cutanée à la radiothérapie présentaient un risque multiplié par 18,3 de ce cancer cutané par rapport à ceux ayant un score polygénique faible et une exposition peu élevée à la radiothérapie.
Pour les survivants ayant eu de la radiothérapie dans l’enfance, l’incidence cumulée à l’âge de 50 ans était plus élevée pour ceux ayant un score polygénique de cancer élevé que pour ceux ayant un score faible. Par exemple, parmi les femmes ayant eu de la radiothérapie thoracique, 33,9 % de celles ayant un score polygénique élevé ont développé un cancer du sein, par rapport à 21,4 % de celles ayant un score faible.
« Il existe un degré d’étiologie partagée pour ces types de cancer entre la population générale et les survivants, qui reste valable dans le contexte d’un risque fort lié à la radiothérapie », écrivent les auteurs dans leur étude. Les scores polygéniques pourraient ainsi améliorer le suivi à long terme, même si, pour le moment, « ces résultats ne sont pas suffisants à eux-seuls pour modifier les recommandations en vigueur », nuance Todd Gibson.
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