« IL NE FAUT PAS louper le coche. Le cancer du testicule est guérissable dans plus de 95 % des cas, à condition de réagir vite et bien. La prise en charge doit être assurée par des équipes expérimentées multidisciplinaires composées d’urologues, de radiothérapeutes et d’oncologues. Certains protocoles peuvent être lourds et le médecin traitant concourt à expliquer au patient les enjeux d’une observance parfaite », explique le Pr Franck Bladou, chirurgien urologue à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille.
Si les tumeurs testiculaires évoluent très vite, en contrepartie elles sont en effet très sensibles à la radiothérapie et à la chimiothérapie. Même à un stade avancé, le cancer peut être guéri. « Comme le cancer du testicule est indolore, le diagnostic est fait par le patient qui constate une masse testiculaire anormale. Une fois le cancer traité, le patient continue à être acteur pendant la surveillance avec l’autopalpation. C’est un très bon moyen pour dépister précocement une récidive », explique le chirurgien. Si une récidive doit survenir, c’est le plus souvent dans les deux années suivantes, d’où une surveillance rapprochée et très stricte dans les premiers temps sur les marqueurs tumoraux et les scanners.
« L’orchidectomie est le plus souvent bien supportée. Une prothèse testiculaire est mise en place sans préjudice esthétique. En revanche, une conservation de sperme dans les CECOS est proposée à ces jeunes hommes, car la stérilité est systématique post-traitement. Le prélèvement de sperme est réalisé en une à trois séances afin de disposer d’un volume suffisant à cryoconserver », précise le spécialiste. L’hypofertilité due à l’atteinte tumorale est en effet aggravée par l’orchidectomie et par les effets iatrogènes de la radio et/ou chimiothérapie. Noter que si, par bonheur, une grossesse survenait sans avoir recours à une fécondation in vitro, le risque malformatif n’est pas majoré par rapport à la population générale. Les traitements bloquent la spermatogenèse, mais ne sont pas tératogènes.
Traitement substitutif par testostérone.
Outre l’orchidectomie, la décision d’une radiothérapie et d’une chimiothérapie est prise en fonction de l’histologie et du bilan d’extension. Les séquelles à distance de ces traitements sont relativement faibles. Indiquée dans certains séminomes débutants, l’irradiation préventive des ganglions rétropéritonéaux a une morbidité très faible. Quant à la chimiothérapie, hormis la possible toxicité nerveuse à long terme, la cytotoxicité est immédiate avec perte de cheveux, asthénie… « Il ne faut pas oublier la chirurgie des métastases, qui peut être iatrogène selon la localisation. Elle peut en effet entraîner des troubles de l’éjaculation, et plus rarement des troubles de l’érection. Après la chimiothérapie, il peut subsister des masses résiduelles, qu’il est nécessaire de réséquer. Si ces tumeurs ont perdu dans l’immédiat leur caractère tumoral, elles peuvent augmenter de volume, voire flamber de nouveau », prévient le chirurgien. Les protocoles sont lourds, comprenant d’abord une orchidectomie avec chimiothérapie, suivie de l’exérèse des masses résiduelles avec chimiothérapie de deuxième ligne en cas de persistance tumorale sur les masses enlevées.
Inutile si l’orchidectomie est unilatérale, un traitement substitutif hormonal est mis en place dans les rares cas de bilatéralisation, survenant dans 2 à 5 % des cancers. Il s’agit de testostérone délivrée sous forme de gel en application quotidienne ou d’injection retard mensuelle. « Quelques conseils d’utilisation doivent être donnés au patient pour la forme gel. Il ne faut pas appliquer le produit sur les parties génitales. Conseiller plutôt les épaules ou le torse. Le patient doit savoir qu’il existe un passage transcutané chez la partenaire lors des relations sexuelles. Ainsi averti, il choisira le moment le plus adéquat pour l’application » recommande le Pr Bladou. Au début, l’ajustement thérapeutique se fait en fonction de signes cliniques tels que la libido, la dépilation, l’humeur ainsi que sur les taux sanguins de testostéronémie biodisponible.
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