LES BALBUTIEMENTS d’une approche thérapeutique originale du cancer localisé de la prostate semblent prometteurs. Originale, parce que fondée sur l’injection dans la glande d’un virus oncolytique, le réovirus. Il avait déjà montré son potentiel anticancéreux au cours de tumeurs de l’ovaire, du sein, du pancréas, sur des gliomes ou des cancers lymphoïdes. Mais l’essai mené par Don Morris et coll (Alberta, Canada) est, selon eux, le premier du genre.
Avant d’avancer dans la description de l’étude clinique, il convient de se souvenir du faible pouvoir pathogène du réovirus. A tropisme respiratoire et digestif, il est très répandu et banal. La contamination se traduit, tout au plus, par des symptômes respiratoires modestes ou une diarrhée peu marquée.
Une injection prostatique unique.
L’expérimentation a été menée à la fois in vitro, sur des cellules cancéreuses, et in vivo.Six patients ont été enrôlés, tous atteints d’un cancer prostatique à un stade de début, localisé. Ils ont reçu, sous contrôle d’une échographie transrectale, une injection prostatique unique d’une dose de virus. Trois semaines plus tard, la prostatectomie radicale prévue était réalisée.
Au plan de la tolérance, les patients n’ont présenté que de modestes symptômes grippaux. Sur l’histologie, l’équipe a constaté la sécurité et l’efficacité du traitement dans les zones indemnes de la glande, avec notamment une toxicité locale minime et l’absence de réplication virale. À l’inverse, elle a découvert une mortalité cellulaire très nette dans les secteurs touchés par le cancer. Le réovirus offre donc une efficacité spécifique des cellules prostatiques tumorales par rapport aux cellules saines.
Don Morris voit dans ce succès la porte ouverte à de futurs essais cliniques associant d’autres thérapeutiques. Dans un éditorial Robert Clarke (Georgetown) ajoute que jusqu’à présent les virus oncolytiques ont été peu utilisés, cet essai montre qu’ils justifient une attention croissante.
Cancer Research, 9 mars 2010.
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