DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE SYNDROME de fatigue chronique (SFC), diagnostiqué après élimination des causes connues de fatigue, est caractérisé par une fatigue extrême inexpliquée perdurant depuis plus de six mois, et survenant chez une personne jusque-là en bonne santé et non dépressive. Il affecterait jusqu'à 1 % de la population.
Bien qu'une inflammation chronique soit souvent trouvée chez ces patients, aucun agent infectieux ou toxique n'a été clairement impliqué dans ce syndrome.
Sa cause étant inconnue, il est difficile de savoir s'il correspond à une maladie unique ou s'il regroupe plusieurs affections caractérisées par les mêmes symptômes.
Les patients présentent souvent des anomalies de la fonction immune, notamment une activation chronique de l'immunité innée et un déficit d'activité des cellules tueuses naturelles (cellules NK).
Intéressés par la récente découverte d'un nouveau rétrovirus, appelé XMRV (Xenotropic Murine leukemia virus-Related Virus), un virus apparenté aux virus de la leucémie murine xénotrope détecté dans un quart des cancers de la prostate, l’équipe de Judy Mikovits (Whittemore Peterson Institute, Reno, États-Unis) a cherché à savoir si ce rétrovirus pouvait également être associé au syndrome de fatigue chronique.
D'autant que les deux affections - cancer de la prostate lié au XMRV et SFC - ont été liées a des altérations de l'enzyme antivirale RNaseL.
Cette équipe (Lombardi, Mikovits et coll.) a analysé les cellules mononucléées sanguines périphériques de 101 patients atteints de SFC. Ils rapportent la détection de l'ADN du XMRV chez 67 % des patients (68 /101), contre seulement 3,7 % des témoins en bonne santé (8 /218).
En examinant les lymphocytes d'un patient, ils ont pu constater que l'infection XMRV concernait les lymphocytes B et T activés.
Transmission par voie sanguine ?
Leurs expériences in vitro révèlent que le virus XMRV provenant des patients est infectieux, avec possibilité de transmission par virus libre ou associé aux cellules. Des infections virales secondaires ont ainsi été obtenues dans des lymphocytes non infectés, après exposition à des cellules mononucléées sanguines périphériques, cellules B ou cellules T activées, ou même au plasma infecté. Ce qui soulève la possibilité de transmission par voie sanguine.
Dans cette cohorte de patients affectés du SFC, l'infection XRMV n'était pas associée au génotype RNASEL.
« En résumé, nous avons trouvé une association hautement significative entre le rétrovirus XMRV et le syndrome de fatigue chronique, notent les chercheurs. Cette association soulève plusieurs questions importantes. » Le virus XMRV représente-t-il un facteur causal dans le syndrome ou simplement un virus passager dans la population immunocompromise des patients affectés du SFC ? Quelle est la relation entre le virus XMRV et la présence ou absence d'autres virus souvent associés au SFC (comme les Herpes virus) ? L'infection XMRV majore-t-elle le risque de développement du cancer dans le syndrome de fatigue chronique ? Plusieurs questions se posent donc, que devront résoudre les futures études.
Enfin, près de 4 % des sujets sains de l'étude étaient infectés par le XMRV. Ce qui suggère que 10 millions d'Américains et des centaines de millions de personnes dans le monde pourraient être infectés avec un rétrovirus dont le potentiel pathogénique humain est encore inconnu.
« Il est clair que des virus étroitement apparentés causent une variété de maladies majeures, dont le cancer, chez de nombreux autres mammifères, notent dans un commentaire associé les Drs Coffin (Tufts University, Boston) et Stoye (National Institute for Medical Research, Londres). Les futures études pourraient révéler que le XMRV est en cause dans plus d'une " vieille " maladie bien connue, avec des implications potentiellement importantes pour le diagnostic, la prévention et le traitement. »
Sciencexpress, 8 octobre 2009, Lombardi et coll.
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