« SI LES RECHERCHES établissent le rôle direct de XMRV dans la tumorogenèse de la prostate, cela va donner cours à de nouvelles opportunités pour développer de nouveaux marqueurs diagnostiques et, éventuellement, des méthodes de prévention et de traitement de ce cancer », soulignent les auteurs.
Les études épidémiologiques ont indiqué que des mécanismes inflammatoires et infectieux jouent un rôle dans le développement du cancer de la prostate. Ce qui a été confirmé par une recherche d’acides nucléiques viraux dans ce cancer, ayant fait identifier la présence de séquences virales apparentées au XMRV (xenotropic murine leukemia virus) dans pratiquement 10 % des virus testés (lire « le Quotidien » du 12 juillet 2006). Comme seuls des tissus de la tumeur maligne ont été analysés dans l’article initial, la fréquence n’a pu être estimée.
Robert Schlaberg et coll. (Columbia University, New York) ont poursuivi les recherches. Ils présentent l’analyse de 233 cas de cancer de la prostate et de 101 tumeurs bénignes témoins. Ce qui montre une association entre l’infection par XMRV et le cancer de la prostate, et en particulier avec les tumeurs les plus agressives.
Dans 27 % des cancers.
En analysant 334 spécimens de résection de tumeurs prostatiques, à l’aide d’une PCR quantitative et de tests immunohistochimiques, Schlaberg et coll. découvrent des séquences du même virus dans 27 % des cancers et de l’ADN de XMRV dans 6 % d’entre elles.
Les protéines représentatives de XMRV sont exprimées quasiment exclusivement dans les cellules épithéliales malignes. Et, « contrairement au rapport antérieur, nous n’avons trouvé que rarement des protéines de XMRV dans les cellules stromales bénignes ». Ce qui est en faveur d’un processus de cancérogénèse classique.
La détection de XMRV chez 6 % des témoins pourrait indiquer que XMRV ne cause un cancer qu’après une longue période d’incubation. Et tout cela n’exclut pas que l’infection par XMRV ne provoque pas un cancer à tout coup.
Par ailleurs, le travail actuel réfute une autre notion initialement évoquée. Le virus XMRV a été, à l’origine, associé à un trait génétique, sous la forme d’une mutation du gène RNASEL (qui code pour une RNase). Une corrélation forte entre la réduction de l’activité de RNASEL par le variant R462Q et la présence de XMRV avait été trouvée.
« Notre étude de 334 cas et témoins nous a permis d’établir l’indépendance de l’infection XMRV par rapport au variant. »
Ce qui accroît la population à risque pour l’infection par XMRV : ce ne sont pas seulement les hommes homozygotes pour le variant de RNASEL qui sont susceptibles de l’acquérir, mais toute la population masculine.
Rongeurs, félins et primates.
Des comparaisons de séquence ont fait classer le virus XMRV comme un gammarétrovirus possédant une similitude avec des virus de leucémies murines.
Les gammavirus causent des leucémies et des sarcomes chez de multiples espèces de rongeurs, de félins et de primates. Mais jusqu’ici, il n’avait pas été identifié comme cause de cancers humains.
« Nos résultats donnent de fortes présomptions en faveur d’un rôle oncogène direct chez les humains de ce rétrovirus de découverte récente. »
Maintenant, des questions intrigantes demeurent posées. XMRV se réplique efficacement dans des lignées cellulaires dérivées de cancers de la prostate, mais non dans d’autres lignées cellulaires humaines. Ce qui suggère un tropisme particulier. Le virus est-il associé à des cancers d’autres, tissus et notamment gynécologiques ? Comment le XMRV se transmet-il ?
Proc Natl Acad Sci USA, édition en ligne.
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