LES TUMEURS osseuses à cellule géantes (TCG) sont des tumeurs primitives ostéolytiques à potentiel métastatique bas. Le poumon est le site préférentiel des métastases, lorsqu’il y en a. C’est une tumeur rare, survenant sur le squelette mature. Dans 50 % des cas, elle affecte la région du genou ou les os longs. A la radiographie, la TCG se présente sous la forme d’une lésion ostéolytique, qui produit fréquemment une fracture spontanée. Les TCG provoquent des douleurs localisées, un gonflement inflammatoire et une réduction d’amplitude articulaire. La tumeur est rarement maligne d’emblée, mais une transformation peut se faire à l’occasion d’une rechute après traitement. La chirurgie est le principal moyen de traitement, 80 % des TCG étant résécables. Une rechute survient dans 10 à 75 % des cas, en fonction de la taille et de la localisation. Les options thérapeutiques sont très limitées pour les patients non opérables (tumeurs multiples, atypiques, localisation rachidienne, métastases).
RNAKL, un médiateur essentiel.
La TCG est riche en cellules géantes ostéoclastes-like et elle contient des cellules mononucléaires (stromales). Ces cellules expriment RANK et certaines expriment son ligand (RANKL). RANKL est un médiateur essentiel à la formation des ostéoclastes, à leur fonction et à leur survie.
Le denosumab est un anticorps monoclonal complètement humain qui inhibe spécifiquement RANKL, inhibe la destruction osseuse à médiation ostéoclastique. L’administration sous-cutanée de denosumab entraîne un arrêt rapide du turn over osseux chez des patients souffrant de myélome multiple et d’affections ostéolytiques, comme des métastases de cancer du sein et de la prostate.
« Nous avons recherché l’effet du denosumab sur la survie des cellules tumorales et sur leur croissance chez des patients souffrant d’une TCG récurrente ou non résécable. Nous rendons compte ici de la sécurité et de l’efficacité de cet anticorps monoclonal », indiquent les auteurs. Il est possible que le recrutement des cellules géantes ostéoclastes-like soit lié à l’expression de RANKL et que ces cellules géantes soient responsables de l’agressivité et de l’activité ostéolytique de la tumeur, estiment les chercheurs.
Dans cette étude menée en ouvert dans un groupe unique, 37 patients ont été inclus. Ils ont reçu le denosumab à raison de 120 mg administrés tous les 28 jours. Le premier critère d’évaluation a été la réponse tumorale, définie par l’élimination d’au moins 90 % des cellules géantes ou bien par l’absence de progression radiologique.
Réponse histologique.
À l’heure de la rédaction de ce bilan intermédiaire, l’étude était toujours en cours. Pour deux patients, les données histologiques ou radiologiques sont insuffisantes pour donner un résultat. Une réponse tumorale est enregistrée pour 30 des 35 autres patients. La réponse est histologique pour 20 d’entre eux et radiologique pour 15. Des effets secondaires sont enregistrés chez 33 des 37 patients. L’effet indésirable le plus fréquent est représenté par des douleurs aux extrémités (n = 7), suivies par des douleurs dorsales (n = 4) et des céphalées (n = 4). Un patient a présenté une augmentation de l’HCG sans lien avec une grossesse, jugé comme potentiellement lié au denosumab. Chez un patient, la progression de la tumeur a repris après l’arrêt du traitement.
« À notre connaissance, c’est la première étude rapportant un effet positif d’un traitement systémique pour ce rare type de tumeur », lit-on dans les commentaires. Comme il est montré que le denosumab inhibe la fonction des ostéoclastes via la voie du RANKL, il est logique de s’attendre à ce qu’il inhibe aussi les cellules géantes ostéoclaste-like.
David Thomas et coll. avec la participation d’un auteur français, Jean-Yves Blay (Université Claude-Bernard, Lyon), dans The Lancet, 10 février 2010.
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