Les résultats de l'essai européen Peace-1 présentés au congrès européen de cancérologie (ESMO) par le Pr Karim Fizazi (Gustave-Roussy, Villejuif), investigateur principal de l'étude, ont fait grand bruit. Une triple association avec de l'abiratérone améliore la survie dans le cancer de la prostate d'emblée métastatique hormonosensible (CPMHS).
Les formes métastatiques d’emblée représentent environ 10 % des cancers de la prostate (environ 400-500 cas par an en France). La chimiothérapie par docétaxel, l’hormonothérapie de nouvelle génération par abiratérone, puis la radiothérapie dirigée, ont amélioré la survie. Mais est-il bénéfique de les conjuguer ?
L’étude internationale Peace-1 a inclus 1 173 patients présentant d'emblée un CPMHS. Les participants ont reçu un traitement standard (chimiothérapie par docétaxel et hormonothérapie traditionnelle) soit seul, soit associé à l’abiratérone, soit à la radiothérapie, soit aux deux thérapies. Les données présentées sur 710 patients ont porté sur les deux premiers bras de l’étude, permettant d’évaluer l’apport de l’abiratérone au traitement standard hormonothérapie + chimiothérapie. Quant aux deux bras avec radiothérapie, un suivi à plus long terme est nécessaire.
« Les résultats montrent un bénéfice en termes de survie sans progression (SSP) très impressionnant pour ces patients », a relevé le Pr Fizazi. En effet, la SSP se prolonge de 2 à 4,5 ans grâce à la triple association (HR = 0,50, p < 0,0001), soit un gain de 2,5 années. Quant à la survie globale (SG), l'ajout d'abiratérone a réduit de 25 % le risque de décès (SG non atteinte pour la triple association versus 4,4 ans pour le traitement standard, HR = 0,75, p = 0,017).
Concernant les formes les plus graves (métastases osseuses, hépatiques ou pulmonaires), la survie globale passe de 3,5 à plus de 5 ans grâce à la trithérapie (3,5 versus 5,1 ans, HR = 0,72, p = 0,019), soit plus de 18 mois de survie supplémentaires.
La tolérance de la chimiothérapie n'apparaît pas aggravée par l’adjonction de l’abiratérone. Il faut cependant surveiller la kaliémie et les enzymes hépatiques. Sur le plan médico-économique, le générique de l’abiratérone, déjà utilisé dans d’autres pays, pourrait arriver prochainement en Europe.
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