DEVANT des tumeurs aussi sévères que le carcinome hépatocellulaire, le cancer pulmonaire non à petites cellules ou le cancer pancréatique pourquoi ne pas tenter un remède connu dans la pharmacopée traditionnelle chinoise le venin de crapaud desséché ou huachansu ? Ce traitement est réputé en Chine pour ses propriétés antitumorales. Des équipes américaines du Texas (Anderson Cancer Center) et chinoises (université de Fudan) ont donc enrôlé des patients dans un essai de phase I, destiné, à en estimer la tolérance. Toutefois, les résultats au plan thérapeutique se sont révélés positifs puisque dans un certain nombre de cas, l’évolution tumorale a été ralentie.
Quinze patients ont été recrutés en Chine : 11 cancers hépatocellulaires, 2 cancers pulmonaires non à petites cellules et 2 cancers pancréatiques. Le huachansu provenait des glandes cutanées de deux espèces de crapaud, Bufo gargarizans et Bufo melanostictus. Il a été injecté par voie intraveineuse par cycles de 14 jours de traitement suivis de 7 jours d’arrêt. Les doses ont été progressivement croissantes pour arriver à des posologies octuples de celles utilisées en Chine. Les concentrations sont passées de 10 à 90 ml/m 2 de surface corporelle (habituellement 15 ml/m 2). Tous les patients ne recevaient plus de chimio- ou radiothérapie depuis au moins 3 semaines et avaient récupéré d’éventuels effets secondaires antérieurs. Après le 2e cycle, un autre traitement a été le plus souvent ajouté.
L’objectif premier étant la tolérance, les auteurs, Zhiqiang Meng et coll., ont constaté assez peu d’effets délétères, puisque 11 (73 %) des participants n’ont pas déclaré d’intolérance dépassant le grade 1. Aucune toxicité cardiaque n’a été relevée également. De même aucune modification de la symptomatologie due à la tumeur n’a été enregistrée.
Au plan évolutif, 6 (40 %) des tumeurs ont été stabilisées pendant six mois (valeur médiane). Et même chez l’un des participants atteint d’un cancer hépatocellulaire, une régression tumorale a été relevée pendant onze mois. Chez tous les patients stabilisés, la qualité de vie s’est trouvée améliorée.
Cancer, doi 10.1002/cncr.24062.
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